"Plus on passe de temps à travailler sur une vidéo, moins elle fonctionne" : l'incroyable succès du supermarché Leclerc de Pont-l'Abbé sur les réseaux sociaux

"Comme toutes les semaines, au Leclerc de Pont-l'Abbé...", voilà une des phrases d'accroche qui cartonne en ce moment sur les réseaux sociaux. Celle des comptes Instagram et TikTok du supermarché Leclerc de Pont-l'Abbé, dans le Finistère, qui cumulent près de 80 000 abonnés sur Instagram, plus de 42 000 sur TikTok. Et tout ça en seulement quelques semaines.

Il faut dire que les vidéos, pour mettre en avant les promotions du magasin breton, utilisent les codes des réseaux sociaux, avec ce qu'il faut d'humour et d'absurde. Quelques exemples : de la fiente de pigeon devient de la crème solaire, l'extrait d'une vidéo virale d'accident de voiture permet d'introduire une réduction sur le rayon poissonnerie... Une mécanique bien rodée, et qui cartonne sur les réseaux sociaux : certaines vidéos atteignent jusqu'à 9 millions de vues, comme celle impliquant un oiseau électrocuté... devenu un poulet rôti en vente dans la petite ville du Finistère.

Du repérage sur les réseaux sociaux

Autant d'idées originales qui font de ce compte une star des réseaux sociaux. Lancé il y a huit ans, "on avait jusque-là 12 000 abonnés", explique celui que certains désignent déjà comme le "CM de l'année", Thomas Cambou, en charge du compte Instagram. Selon lui, il existait déjà "une bonne communauté", et puis, en une semaine, ils ont gagné plus de 60 000 abonnés. Le résultat d'un travail de fond avec sa collègue community manager, Noémie Jégou : après des heures passées à scroller, puis scruter et étudier sur les réseaux sociaux afin de "suivre les tendances". Objectif : comprendre ce qui fonctionne, ce qui fait rire, expliquent-ils.

"L'avènement de TikTok a aussi poussé les utilisateurs Instagram à faire des réels (courtes vidéos, de quelques secondes ou minutes, partagées sur Instagram) dans le style humoristique, explique Thomas Cambou. Et puis, comme Noémie et moi, on a 30 ans d'écart, on ne voit pas passer les mêmes contenus, et donc on a beaucoup plus d'inspiration...", sourit-il.

Un "décalage" entre "le burlesque" et le "message commercial"

C'est donc après beaucoup de visionnage de vidéos que Thomas et Noémie remarquent que ce qui fonctionne, c'est le principe du "hook". Des vidéos d'accroche, de quelques secondes, "pour ensuite embrayer avec un message purement commercial", explique Thomas.

Une formule qui fonctionne, "le décalage parfois un peu burlesque avec la première partie de la vidéo et le message publicitaire pur et dur, d'autant plus venant de Leclerc, assez traditionnel en termes de communication", reconnaît-il. Ce décalage a d'ailleurs permis de rajeunir leur public touché sur les réseaux sociaux, entre 24 et 35 ans. 

"On repère des vidéos qui ont un potentiel, on les répertorie, détaille Noémie, et on attend de savoir quand on fait la promo pour lancer le tournage". Un tournage d'une dizaine de minutes, une petite heure de montage, et la vidéo est ensuite postée sur les différentes plateformes, même loin, très loin de la Bretagne. D'ailleurs, Thomas l'avoue, en riant : "Plus on passe de temps à travailler sur une vidéo, moins elle fonctionne". 

Un succès qui apporte une célébrité plutôt inattendue pour le duo : "On a eu nos premières demandes de selfie", s'amuse Thomas, qui raconte qu'un couple, originaire de Franche-Comté et en vacances dans les environs, est venu à Pont-l'Abbé pour voir Thomas et Noémie, avant de confier ressentir "de la fierté" en faisant sourire les gens, d'autant plus que "la grande distribution n'est pas hypervalorisée".