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Témoignage Enfants exposés par leurs parents sur les réseaux sociaux : "Mes filles ne sont pas filmées dans des situations qui pourraient leur porter préjudice", assure une vlogueuse

La moitié des parents (53%) ont déjà partagé une photo ou une vidéo de leur enfant sur les réseaux sociaux, révèle une étude de Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (l’Open), certains contre rémunération. Une loi méconnue existe pourtant pour protéger les moins de 16 ans.
Article rédigé par franceinfo - Pauline Boudier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sur sa chaîne YouTube "Journal d’une maman", Rebecca montre régulièrement ses deux filles. (Capture d'écran Instagram / journaldunemaman)

Depuis qu’elle a ouvert sa chaîne YouTube Journal d’une maman il y a huit ans, Rebecca montre régulièrement ses deux filles en photo, sur Instagram ou dans des vidéos où elle filme son quotidien de jeune maman au foyer. Des vlogs où elle partage des petits moments du quotidien avec ses 140 000 abonnés.

>> Une étude révèle que plus de la moitié des parents publient des photos ou vidéos de leur enfant sur les réseaux sociaux

Mais la créatrice de contenus assure qu’elle ne filme pas tout : "Typiquement, je ne vlogue qu’à partir du moment où j’ai déposé les filles à l’école. Donc, on ne les voit pas le matin. Sauf là : elle voulait partager son look. Allez, ça va durer 30 secondes et on ne les verra plus du tout", balaie la vlogueuse.

"On a des limites qui sont très claires."

Rebecca, vlogueuse

à franceinfo

"Les filles ne sont pas filmées dans des situations qui pourraient leur porter préjudice, assure-t-elle. Ça fait partie du bon sens du tout à chacun. Eliora [l'une de ses deux filles] est très consciente et peut me verbaliser quand elle ne veut pas que je la filme". 

Le danger de survaloriser les moments filmés

Selon l'étude de l’Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique, seul 44% des parents influenceurs demandent le consentement de leur enfant avant de poster une photo ou une vidéo. Mais même en fixant ce cadre, les enfants peuvent survaloriser le virtuel au détriment du réel, explique Marion Haza, psychologue et présidente de l'Observatoire. "On peut se retrouver avec des enfants qui vont avoir l’impression que, finalement, n’est validée comme expérience de vie, que ce qui est capté, comme s’il n’y avait d’importance à ce qu’on est en train de faire que parce que ça passe par le prisme de ces images-là". D'autant que trois quarts de ces mineurs, enfants d’influenceurs, sont exposés sur les réseaux sociaux avant leur cinq ans. 

Grâce à la loi de 2020, toutes leurs apparitions peuvent être supprimées à la simple demande des enfants. Elle garantit aussi les revenus des moins de 16 ans si leur image en ligne génère de l'argent. 3% des parents qui publient des contenus de leurs enfants sont des influenceurs et ont donc déjà reçu un cadeau, une promotion ou une rémunération grâce à ses publications. "C’est vraiment pour protéger les enfants, qu’il n’y ait pas une exploitation. Si l’enfant fait des vidéos, à ce moment-là, c’est un travail et donc la rémunération doit leur revenir", ajoute Marion Haza. Mais la loi est encore trop peu connue. 36% des parents admettent se servir de l'argent des réseaux sociaux pour eux-mêmes. 

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