Facebook, YouTube, Apple et Spotify censurent le conspirationniste Alex Jones
Fondateur du site Infowars.com, proche des milieux d'extrême droite américains, Alex Jones est un adepte des théories du complot.
Les géants d'internet ont lancé, lundi 6 août, une offensive contre le conspirationniste américain Alex Jones, désormais privé d'accès à Facebook, YouTube, Apple et Spotify. Des sanctions dénoncées par l'extrême droite, qui y voit un complot. Ces mesures interviennent après des mois de critiques visant les réseaux sociaux, accusés de ne pas en faire assez pour combattre la désinformation et les discours incitant à la haine.
Fondateur du site Infowars.com, Alex Jones est devenu célèbre à la faveur de propos et théories conspirationnistes sur la fusillade de Sandy Hook, en 2012. À de multiples reprises, depuis la tuerie perpétrée par Adam Lanza dans une école élémentaire du Connecticut qui a fait 26 morts, ce Texan de 44 ans a prétendu que le massacre était une mise en scène. Plusieurs familles ont assigné Alex Jones en justice, l'accusant d'avoir propagé ces théories pour accroître son audience et ses revenus.
Facebook l'accuse de "glorifier la violence"
Il y a quelques jours, Facebook a retiré quatre vidéos de pages affiliées à Alex Jones qui violaient le règlement du réseau social sur le discours haineux et le harcèlement, a justifié la plateforme dans un message posté lundi. Depuis, Alex Jones a publié d'autres contenus sur Facebook, ce qui a amené le groupe à suspendre les quatre principales pages du polémiste d'extrême droite.
Ces pages sont accusées de "glorifier la violence" et "d'utiliser un langage déshumanisant pour décrire des personnes transgenres, musulmanes et immigrées", en infraction avec le règlement interne de Facebook. Le réseau social précise que c'est bien le langage utilisé et pas les thèses conspirationnistes véhiculées par Alex Jones qui l'a incité à agir.
YouTube le punit pour ses discours haineux
Lundi à la mi-journée, YouTube a également suspendu la chaîne d'Alex Jones, qui comptait 2,4 millions d'abonnés. Le présentateur avait été interdit, fin juillet, d'utiliser la plateforme pour diffuser des vidéos en direct après avoir enfreint le règlement de la filiale de Google sur les discours haineux et la mise en danger d'enfants. Il a alors cherché à contourner cette suspension depuis d'autres chaînes et YouTube a décidé de suspendre l'ensemble des canaux affiliés à Alex Jones.
De son côté, Apple a retiré de sa plateforme la plupart des podcasts d'Alex Jones, comme l'a relevé le site BuzzFeed (en anglais). Le service de musique en ligne Spotify a également annoncé avoir retiré de sa plateforme tous les enregistrements de l'émission "The Alex Jones Show" et privé le programme d'accès à l'avenir, évoquant également des entorses à son règlement sur les discours haineux.
En décalage ostensible avec les autres grands noms d'internet, Twitter a indiqué lundi à la chaîne CNBC qu'il ne suspendrait pas, en l'état, les comptes d'Alex Jones et d'Infowars.com, car ils ne violaient pas le règlement de Twitter.
L'extrême droite crie au complot
"Cette purge était une action coordonnée et n'avait rien à voir avec l'application des règles sur les propos haineux", a affirmé l'agitateur, très en colère, dans son émission de lundi.
Footage of Alex Jones reacting to his facebook and youtube channel getting terminated pic.twitter.com/yyY2rMER2a
— PeterNorway (@classiclib3ral) 6 août 2018
Plusieurs sites ultra-conservateurs ont affiché leur soutien à Alex Jones, reprenant sa thèse d'un complot de la "Big Tech", appellation qui réunit les champions de la nouvelle économie. "Les géants de la tech se sont entendus contre les conservateurs", a ainsi titré le site Gateway Pundit. "Qui tire les ficelles en coulisse ?", s'est interrogé Jim Hoft, le fondateur de cette plateforme proche de l'extrême droite. "CNN et les démocrates poussent les 'Big Tech' à censurer ceux qui les critiquent", affirme quant à lui le site Breitbart, pour qui ces suspensions "montre à quel point la concentration du pouvoir est passé du gouvernement aux 'Big Tech'".
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