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Pourquoi des comptes Twitter qui ont partagé un article sur l'action des "gilets jaunes" devant le domicile de Marlène Schiappa ont-ils été suspendus ?

Plusieurs utilisateurs du réseau social ont vu leur compte bloqué une demi-journée après avoir partagé un article de "Libération" évoquant l'action nocturne de "gilets jaunes" devant le domicile de la secrétaire d'Etat au Mans. Son cabinet a indiqué qu'il faisait supprimer "toutes les publications montrant la maison" de Marlène Schiappa.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, le 16 mai 2019, dans la cour de l'hôtel Marigny à Paris. (MAXPPP)

Ils se sont étranglés en découvrant le message leur annonçant la sanction. Plusieurs internautes ont vu leur compte Twitter bloqué pendant douze heures, mardi 28 mai, après avoir partagé sur le réseau social un article de Libération revenant sur l'action menée en pleine nuit par des "gilets jaunes" devant le domicile de la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, au Mans.

Le cabinet de Marlène Schiappa à la manœuvre

Contacté par Libération, le cabinet de la secrétaire d'Etat a indiqué qu'il faisait supprimer "toutes les publications montrant la maison" de Marlène Schiappa. Pour ce faire, l'équipe a signalé à Twitter les tweets partageant l'article. N'importe quel internaute peut en effet, en quelques clics, dénoncer un message ou un utilisateur enfreignant les règles du réseau social. Selon les informations de Libération, le cabinet de Marlène Schiappa a, en outre, alerté directement Twitter France. "On les a prévenus qu’on signalait tous les tweets qui ne respectaient pas la vie privée et la sécurité de la ministre", déclare un membre de son équipe ministériel, cité par le quotidien.

"J'ai reçu une notification de Twitter me disant que mon compte était bloqué, parce que j'avais enfreint les règles de Twitter, et me mettant le tweet incriminé", raconte à franceinfo le détenteur du compte ObjectifOcéan. L'utilisateur dispose alors de deux options. Soit il supprime son tweet et celui-ci est rempacé par un "avis" indiquant que le tweet n'est plus disponible. Soit il fait "appel" de la décision. "J'ai fait appel du blocage, poursuit le possesseur d'ObjectifOcéan, mais je n'ai pas encore obtenu de réponse."

"Qu'on accepte le blocage ou qu'on fasse appel, ça ne change rien. De toute façon, le compte est bloqué pendant douze heures", constate Bertrand de Volontat, à la tête de l'application upday France, dont le compte a été bloqué. L'utilisateur du compte bloqué peut toujours consulter Twitter et envoyer des messages privés, mais il ne peut plus publier de tweets, ni retweeter ou "liker" d'autres tweets.

La "célérité suspecte" de Twitter

Car, comme l'explique Libération, son article sur la manifestation nocturne des "gilets jaunes" devant le domicile manceau de Marlène Schiappa était illustré par une capture d'écran de la vidéo prise lors de l'action. Or, celle-ci montrait la porte d'entrée de la maison. La rédaction du journal a d'ailleurs été contactée par le cabinet de la secrétaire d'Etat. Celui-ci demandant que l'image soit au moins floutée, parce qu'elle donnait "une certaine idée du lieu". Le quotidien assure s'être exécuté. Mais un "problème technique" a fait que l'image initiale - et non floutée - restait attachée à l'article lorsque celui-ci était partagé sur les réseaux sociaux.

"Pour un média, Twitter, c'est notre vitrine. En être privé d'accès pendant douze heures sans aucune alternative, c'est un peu exagéré", déplore Bertrand de Volontat. "Le plus étonnant dans cette affaire, c'est la célérité suspecte avec laquelle Twitter a agi, juge le propriétaire du compte ObjectifOcéan. Il y a deux poids, deux mesures si on se retrouve avec des entreprises privées qui agissent en quelques heures quand c'est une personnalité politique - a fortiori une membre du gouvernement - qui le demande, alors qu'elles mettent beaucoup plus de temps à réagir lorsque c'est un simple citoyen qui fait le signalement."

"A quel moment, quand des gens partagent des vidéos de chez moi agrémentés d'appels aux violences, le sujet important traité c'est : 'est-ce que Schiappa a signalé ces contenus à Twitter ?'", s'est indignée Marlène Schiappa sur sa page Facebook personnelle, jeudi. Dans un communiqué, mardi, ses avocats ont prévenu que la secrétaire d'Etat "poursuivra en justice toute publication d'images permettant d'identifier son domicile, ce qui porte une atteinte grave à la sécurité et à l'intimité de la vie privée de sa famille".

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