"Laissez-nous cette cabine !" : un village des Hautes-Alpes se bat pour garder son téléphone public
Au 1er janvier, les cabines téléphoniques publiques sont amenées à disparaître, sauf celles situées dans les zones blanches. Certains villages se mobilisent pourtant pour garder cet équipement. Exemple à Ceillac, dans les Hautes-Alpes.
Le 1er janvier va sonner le glas pour les cabines téléphoniques publiques. Utilisées en moyenne moins d’une minute par jour, elles coûtent 10 millions d’euros par an à Orange. Seules les 350 cabines situées dans les zones blanches, ces endroits où il n’y a aucun réseau pour les téléphones portables, seront épargnées. Pourtant, certains villages se mobilisent pour garder leur cabine, comme à Ceillac (Hautes-Alpes), où le réseau est existant mais faible. Le maire refuse que l'opérateur téléphonique enlève la dernière cabine de la commune.
Touristes, randonneurs et personnes âgées
Au rez-de-chaussée de la mairie de Ceillac, village d'à peine 300 âmes, le téléphone bleu France Télécom trône accroché à un mur de crépi. Dans le hall, derrière un guichet en bois, Sandra est à l'accueil de l'office du tourisme. On vient souvent la voir pour se servir de la cabine. "Ça arrive plusieurs fois dans la semaine. Tout le monde n'est pas équipé d'un téléphone portable", affirme-t-elle. Ces naufragés du téléphone sont des touristes, des randonneurs et beaucoup de personnes âgées. Sandra proteste contre la disparition des cabines.
C'est un service à maintenir. C'est bien qu'il y en ait au moins une sur le village.
Sandra, secrétaire d'accueil de l'office de tourisme de Ceillacà franceinfo
Preuve que la cabine téléphonique est intégrée dans le quotidien des habitants du village, c'est parfois elle qui sonne. "Je pense que ce sont des personnes qui se font appeler, qui n'ont pas de téléphone et qui donnent le numéro." Ainsi, elles restent joignables à tout moment.
La population multipliée par dix en saison de ski
Christine fait notamment partie de ces personnes qui se font appeler sur la cabine téléphonique de Ceillac. "Laissez-nous cette cabine !", s'insurge-t-elle. Malheureusement pour elle, son téléphone n'a pas de réseau dans le village. Un véritable handicap au quotidien : "Je suis en train d'écrire un livre et j'ai besoin de faire des derniers échanges avec mon éditrice. J'ai été obligée de l'appeler, c'était urgent. Et mon père est malade donc j'ai besoin de l'appeler pour prendre des nouvelles. Ce sont des choses importantes, ce ne sont pas des petits coups de fil comme ça ! J'ai besoin d'une cabine", se justifie-t-elle.
Pendant la saison de ski, le village passe de 300 à 3 000 habitants. Vouloir garder cette cabine n'a donc rien d'une fantaisie pour le maire. "On accueille des personnes extérieures au village qui peuvent avoir besoin de joindre leur famille ou en cas d'urgence de faire appel éventuellement aux secours puisque nous sommes dans des pays de randonnée à ski et en montagne", assure Christian Grossan, qui explique également que si Orange couvre à peu près toute la commune, les abonnés de SFR et de Free ont plus de difficultés. "Il arrive quand même très souvent que, pendant plusieurs heures par jour, on soit privé de téléphone."
Un refus politique de la part du maire
Le refus du maire de voir disparaître cet équipement a aussi une visée beaucoup plus politique. "Je ne veux pas que la cabine parte aussi longtemps que, d'une manière générale, la téléphonie mobile ne couvrira pas de manière satisfaisante l'ensemble du territoire communal. Il y a un niveau minimum d'équipements et d'infrastructures publiques en deçà duquel il ne me paraît pas possible d'aller, sauf à nous mettre vraiment dans une position de citoyen de deuxième classe." Le maire ne pense pas qu'Orange revienne chercher sa cabine au 1er janvier. Il assure que, de toute manière, il ne la troquera que contre une couverture réseau acceptable.
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