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Mondiaux de para athlétisme : public au rendez-vous, déficit de médailles tricolores, acculturation au parasport... Un bilan contrasté à un an des Jeux

Après avoir accueilli les performances des plus grands athlètes pendant dix jours, les championnats du monde de para athlétisme ont fermé leurs portes au stade Charléty, à Paris, lundi soir.
France Télévisions - Rédaction Sport
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L'athlète français Valentin Bertrand, médaillé de bronze au saut en longueur T37 lors des Mondiaux de para athlétisme à Charléty, le 15 juillet 2023. (FLORENT.PERVILLE)

C'est un clap de fin doux-amer qui a accompagné, lundi 17 juillet, la dernière journée d'épreuve des Mondiaux de para athlétisme. Doux, car pendant dix jours (du 8 au 17 juillet), l'ambiance autour de la piste bleue de Charléty n'a pas faibli. Dans les tribunes, les scènes d'échanges entre connaisseurs du parasport et complets novices ont été quotidiennes, tandis que tous ont vibré à l'unisson derrière les performances des athlètes et la succession de records du monde (35 au total !). Amer, aussi, car la grande majorité du public était venue pour célébrer les médailles tricolores, qui se sont avérées rares. Pas forcément rassurant avant les Jeux paralympiques à la maison l'an prochain (28 août au 8 septembre 2024), mais pas non plus un gage d'échec certain dans un peu plus de treize mois.

Ces sentiments partagés préfigurent, donc, un bilan contrasté au moment de faire les comptes. Même si, sur bien des points, le rendez-vous a tenu ses promesses.

Billetterie : 100 000 spectateurs sur dix jours de compétition, un record

Pour la première fois en France, une billetterie payante était mise en place sur un événement handisport à l'occasion de ces championnats du monde de para athlétisme. L'enjeu ? Reconnaître à leur juste valeur les performances d'athlètes en situation de handicap avec un acte d'achat, au même titre que pour les valides.

"Cela a été un succès inédit, résume Guy Tisserant, trésorier de la Fédération française handisport (FFH) et vice-président des Mondiaux. Nous avons émis 125 000 billets, qui comprennent ceux qui ont été achetés et d'autres offerts aux partenaires et invités, lors des dix jours. Surtout, 100 000 personnes sont venues au stade Charléty, soit une moyenne de 10 000 par jour."

Cette édition 2023 du deuxième rendez-vous le plus médiatisé dans l'univers du parasport derrière les Jeux paralympiques a même battu le record du nombre de spectateurs, détenu par Londres en 2017. De quoi faire bomber le torse avant Paris 2024. "Pour les champions qui ont brillé sur la piste, c'était incroyable car ils ont l'habitude de faire leurs performances dans des environnements assez confidentiels, précise Guislaine Westelynck, la présidente de la FFH. Voir ces milliers de personnes présentes pour eux, pour en avoir croisé beaucoup, ça les a rendus vraiment heureux."

Les spectateurs présents dans les gradins du stade Charléty pour la session de soirée des Mondiaux de para athlétisme, le vendredi 14 juillet 2023. (PICOUT GREGORY)

Organisation : une logistique sans faille ou presque

Speakers, écrans géants, animations en amont des courses, infrastructures décorées aux couleurs des championnats du monde... Rien n'a été laissé au hasard par le Comité d'organisation de "Paris 23" pour faire de son événement un temps fort. Les concerts de lancement de sessions de soirées, avec des personnalités de premier plan comme Yannick Noah ou Amel Bent, ont permis de participer à l'ambiance dans les tribunes.

Les ateliers de sensibilisation au parasport (boccia, cécifoot, basket fauteuil...), disséminés dans les coursives de l'enceinte, ont également trouvé leur public. "On a eu entre 1 500 et 2 000 personnes sur une même journée qui sont venues découvrir certaines disciplines, explique Guy Tisserant. C'est cet aspect de partage qui a été plébiscité par les gens, et qui s'est ensuite retranscrit dans les gradins".

Les 1 500 bénévoles (sur 2 500 candidatures) présents au cours de ces dix jours ont, eux aussi, été des maillons indispensables au bon fonctionnement de ces Mondiaux. Beaucoup d'entre eux laissaient filtrer leur envie de s'investir au plus vite dans un nouvel événement handisport très prochainement.

Petit bémol néanmoins, remonté par quelques athlètes : des soucis de transport entre les terrains d'entraînement, notamment le stade de Pershing situé à côté de l'Insep, dans le bois de Vincennes, et le site de compétition. Une logistique à revoir pour les Jeux l'été prochain – même si Charléty n'accueillera pas, cette fois, les épreuves d'athlétisme, qui seront délocalisées au Stade de France.

Équipe de France : "On a été champions du monde de la 5e place"

"En termes de réussite sportive, j'attendais beaucoup mieux." Lundi, en fin d'après-midi, il n'a pas fallu longtemps à Guy Ontanon, nouveau manager de la performance au sein de la Fédération handisport, pour exprimer sa frustration au moment de clôturer ces Mondiaux. Les quatre médailles de bronze (Valentin Bertrand et Manon Genest au saut en longueur T37, Timothée Adolphe sur 400 mètres T11 et 100 mètres T11) ne suffisent pas à atteindre la barre des six à sept médailles escomptées par le clan français.

Pourtant, tout n'est pas à jeter, relativise l'ancien nageur paralympique Sami El Gueddari, responsable du parcours d'accession sportif à la FFH : "Cela fait très longtemps que cette équipe n’avait pas été aussi rajeunie. Il y avait 14 nouveaux sélectionnés, beaucoup foulaient pour la première fois la piste sur un grand championnat comme celui-ci. À cela s'ajoute le forfait de dernière minute de Dimitri Pavadé (saut en longueur T64), un de nos leaders. Paris 2024 sera une nouvelle étape, il va falloir concrétiser avec des podiums."

Guy Ontanon, manager de la performance du para athlétisme à la Fédération handisport, et Olivier Deniaud, team leader de l'équipe de France, félicitent Valentin Bertrand après sa médaille de bronze sur le saut en longueur T37 lors des Mondiaux de para athlétisme, le 15 juillet 2023. (FLORENT-PERVILLE)

Avec 11 cinquième places glanées tout au long de la compétition, les Bleus ont pu mesurer ce qui leur manque pour transformer l'essai avec des médailles, y compris sur l'aspect émotionnel. "Il va falloir faire un travail en profondeur sur ce point : certains athlètes ont été rattrapés par les émotions, confesse Guy Ontanon. Ils ont été surpris par l'engouement autour d'eux et se sont laissé déborder par les médias et le public. On ne veut pas que cela arrive l'an prochain, il y aura une autre feuille de route."

Olivier Deniaud, le team leader de l'équipe de France, a le sens de la formule : "Je vous donne rendez-vous en 2024. Nous sommes engagés sur un 800 mètres. Pour l'instant, sur le premier 400 mètres, on est derrière. Mais je vous garantis que le second tour de piste va être terrible."

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