Paralympiques 2024 : comment les sites parisiens se transforment pour la réception de 4 400 athlètes venus du monde entier

Pour beaucoup, la fin du mois d'août et le début du mois de septembre riment avec retour des vacances et rentrée scolaire. Le début de la sinistrose, quand l'été passé à flâner laisse place aux responsabilités, contraintes et contrariétés. Pas vraiment de quoi se redonner le moral, en résumé. Mais, particularité de cette année 2024, l'esprit de fête véhiculé il y a encore un peu plus de dix jours par les JO pourrait bien faire son retour dans la capitale grâce aux Jeux paralympiques.

Du 28 août au 8 septembre, ils vont investir Paris (et aussi Vaires-sur-Marne, Saint-Quentin-en-Yvelines, Saint-Denis, Versailles, Clichy-sous-Bois, La Courneuve et Châteauroux) pour tenter de raviver cette parenthèse enchantée. Les aéroports sont sur le pied de guerre pour réceptionner dans les meilleures conditions le matériel des délégations, tandis que les premières nations ont commencé à s'installer au village des athlètes.

Sur les aires de compétitions aussi, le tempo s'est accéléré. Au Grand Palais, dont les images des tribunes remplies, encourageant les athlètes sous la nef, ont été appréciées partout dans le monde, on s'active pour faire en sorte que l'expérience soit la même pour les quelque 5 000 spectateurs attendus et les champion(ne)s en situation de handicap.

"Rendre accessible ce site qui compte six niveaux différents, c'est sûr que c'est loin d'être idéal, précise Philippe Fadeau, le manager événementiel du Grand Palais et sport manager de l'escrime fauteuil. Heureusement, dans son projet de rénovation, le Grand Palais a pris en compte cette dimension avec des ascenseurs. Et on peut aussi s'appuyer sur l'expérience des championnats du monde d'escrime et d'escrime fauteuil qui avaient eu lieu ici en 2010." La hauteur de la plateforme pour l'aire de compétition va être abaissée pour installer les rampes d'accès pour les athlètes. Un nouvel espace de réparation des fauteuils et prothèses va également voir le jour.

Réaménager en quelques heures

Mais le principal défi reste la transition entre deux disciplines sur un même site. Par exemple, les équipes du Grand Palais auront trente-cinq heures pour passer du parataekwondo à l'escrime fauteuil. A quelques mètres de là, aux Invalides, le challenge logistique sera tout aussi important. Le lieu, qui accueillera jusqu'à 8 000 personnes, sera le port d'attache des para-archers du 29 août au 5 septembre, avant d'être remodelé pour le passage du paramarathon, le 8 septembre.

"Nous avons environ quarante heures pour tout retirer et démonter sur l'avenue Gallieni, précise Kaylene Pallen, en charge de cette transition. Tout cela avait été anticipé dès le départ et on commence à être rôdés puisque, durant les Jeux olympiques, nous avions dû réaménager l'espace pour le passage du marathon et du marathon pour tous, ainsi que pour l'épreuve sur route de cyclisme. On prépare le démontage en même temps que le nouveau montage."

Là encore, la question de l'accessibilité est centrale. Des plaques de protection ont été posées pour stabiliser le sol et faciliter le cheminement des personnes en fauteuil, des voiturettes permettront de prendre en charge les visiteurs aux entrées du site avant que des volontaires – ou des accompagnants – ne les dirigent vers les rampes d'accès inclinées à 5% pour s'installer en tribunes.

Au pied de la Dame de fer, le stade tour Eiffel est également en pleine mue. Mais ici, pas de problématique de transition accélérée, plutôt d'aire de compétition à rebâtir intégralement. Le beach-volley laisse sa place au cécifoot dans ce cadre d'exception. "On a pris le parti de ne pas enlever les 400 tonnes de sable, on va les recouvrir avec un plancher qui va venir accueillir un gazon artificiel", explique Gautier Jourdet, responsable des infrastructures du site.

La Concorde se prépare pour la cérémonie d'ouverture

Dans l'est de la capitale, l'Arena de Bercy va décrocher la palme des Jeux paralympiques avec pas moins de 28 sessions organisées au sein de l'enceinte, soit 48 matchs des tournois de basket fauteuil masculin et féminin. Le couac des sièges VIP vides durant les rencontres des JO devrait être évité, les hospitalités – dédiées à un public "premium" – devant être réduites.

La place de la Concorde, quant à elle, a dit adieu au parc urbain des Jeux olympiques (skateboard, BMX freestyle, basket 3x3, breaking) pour se transformer en site de cérémonie. Pour la première fois, 4 400 athlètes paralympiques ouvriront leurs Jeux en cœur de ville, mercredi 28 août au soir. L'écrin promet d'être splendide, la scénographie aussi, à en croire le directeur artistique Thomas Jolly et ses équipes.

Toutefois, "80% du site va rester à l'identique" selon Mathieu Collet, directeur général événementiel du site : "Les quatre infrastructures sportives vont être réutilisées, il y aura des aménagements liés au show avec des pans de tribunes qui vont disparaître ou être replacés en bas des Champs-Elysées, avec 15 000 places ouvertes au public en plus des 35 000 spectateurs dans les gradins côté Concorde."

Le retour à la normalité est d'ores et déjà planifié, avec une réouverture partielle de la station de métro Concorde dès le 2 septembre (pour les lignes 1 et 8), puis totale d'ici le 21 septembre, et une reprise progressive de la circulation "la plus rapide possible" promet-on. Le départ définitif des derniers équipements et ouvriers est prévu pour la fin octobre. D'ici là, l'esprit de fête d'un été hors du commun aura vécu, emmenant avec lui son lot de souvenirs impérissables... et de goodies phrygiennes.