Portrait "Le drapeau bleu, blanc, rouge coule dans nos veines" : Brice Pillard, ex-militaire blessé en Afghanistan devenu gardien de la flamme olympique

Blessé lors d'une embuscade en 2008, cet ancien soldat a été pris en charge au Centre national des sports de la défense (CNSD) en Seine-et-Marne. Malgré son stress post-traumatique, il a pu se reconstruire grâce au sport.
Article rédigé par Marion Ferrère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le gardien de la flamme olympique et paralympique, Brice Pillard. (BRICE PILLARD / RADIO FRANCE)

Parmi la délégation française présente aux Jeux paralympiques, cinq para-athlètes sont des militaires ou ex-militaires. Certains ont été blessés à l'entraînement ou en opération, en Afghanistan ou en Irak. Le sport leur a permis de se reconstruire, soutenus par plusieurs structures de l'armée et associations comme le Bleuet de France.

Chaque année, ils sont près de 300 militaires, blessés physiques ou psychiques, pris en charge au Centre national des sports de la défense (CNSD), à Fontainebleau, en Seine-et-Marne. Ils peuvent y reprendre le sport, se perfectionner. C'est le cas de Brice Pillard, atteint de stress post-traumatique. Cet ancien militaire a été gardien de la flamme olympique et paralympique.

La carrière de Brice Pillard était toute tracée. Membre de l'armée de Terre, du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, il a fait partie de l'élite jusqu'en 2008 et une embuscade en Afghanistan qui a coûté la vie à dix soldats français et blessé 21 autres, dont lui. De la vallée d'Uzbin, il garde un syndrome post-traumatique qui l'a handicapé. "Quand je suis parti en arrêt maladie, j'ai pris 9 kilos, je ne sortais vraiment pas de chez moi, raconte-t-il. C'est un gros frein dans notre vie, dans notre parcours, que ce soit familial ou professionnel. J'ai arrêté l'armée alors que pour moi c'était tout. Je suis fils de militaire et j'ai toujours voulu faire ça."

Le haut niveau retrouvé

C'est en 2020, appuyé par la CABAT, la cellule d'aide aux blessés de l'armée de Terre qu'il entame sa reconstruction par le sport et reprend sa vie en main. "Je savais que le sport me faisait du bien, j'ai toujours été sportif dans l'âme. Déjà en tant que militaire, le sport, c'est la base de la préparation. Dès qu'on m'a proposé ça, j'ai foncé tout de suite. C'était dur d'aller au premier stage et de revoir du monde, mais une fois que j'ai mis le pied dedans, je ne voulais plus en sortir."

Brice Pillard, avec le bonnet blanc, lors d'une épreuve de natation aux Invictus Games, une compétition dédiée aux anciens militaires blessés, en septembre 2023 à Düsseldorf (Allemagne). (MINARM)

Au point de retrouver le haut niveau. "Le fait de repartir et de voir qu'on n’est pas tout seul à être blessé, de recréer des liens, de recréer la fraternité qu'on retrouvait en régiment, c'était essentiel pour moi. Et ça me pousse à me battre, à aller de l'avant et à faire des entraînements."

Capitaine des Bleus aux Invictus Games

Aux Jeux paralympiques, Brice Pillard soutien ses anciens frères d'armes. Lui ne peut pas y participer comme sportif, les Paralympiques ne sont pas ouverts aux blessés psychiques. Ce qu'il ne déplore pas puisqu’il prépare les Invictus Games, une compétition dédiée à tous les anciens militaires blessés. Déjà médaillé en 2023, le Toulousain y sera capitaine de l'équipe de France en 2025. "Il y a marqué France derrière notre dos, poursuit-il. Pour nous, le drapeau bleu, blanc, rouge coule dans nos veines, on s'est engagés pour le drapeau, on a été blessés."

"Et là, on nous offre justement l'opportunité de pouvoir représenter les armées et la France à l'étranger, donc c'est un honneur et une fierté."

Brice Pillard, gardien de la flamme olympique

à franceinfo

À Vancouver, en février 2025, il participera aux épreuves de basket fauteuil, de volley assis, de natation, mais aussi de skeleton et de biathlon. "C'est possible de se relever après la blessure, mais pas tout seul", conclut-il.

Le portrait de Brice Pillard, gardien de la flamme : reportage de Marion Ferrère

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