Sarkozy juge "grotesque" un éventuel financement de sa campagne de 2007 par Kadhafi
Mediapart a publié une enquête fondée sur les confessions d'un ancien médecin de l'homme d'affaires Ziad Takieddine.
Interrogé sur TF1 à propos du financement de sa campagne présidentielle de 2007 par Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy a dénoncé des accusations "grotesques". "Si [il] avait financé ma campagne en 2007, franchement je n'aurais pas été très reconnaissant", a-t-il ironisé sur le plateau de "Parole de candidat", en faisant allusion à l'intervention en Libye que la France avait soutenue.
Lundi 12 mars, le site d'information Mediapart (article abonnés) a publié une enquête selon laquelle l'intermédiaire en armement Ziad Takieddine aurait mis en place, dès 2005, les "modalités de financement" de la campagne présidentielle du candidat UMP par le régime libyen, à l'occasion d'une visite officielle de Nicolas Sarkozy et de Brice Hortefeux à Tripoli (Libye).
Deux jours avant l’intervention militaire occidentale en Libye, en mars 2011, Mouammar Kadhafi avait menacé le pouvoir français, dans un ultime coup d'éclat lors d'un entretien à la chaîne Euronews : "Il faut que Sarkozy rende l'argent qu'il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale, avait-il dit. C'est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler." Mediapart s'est procuré des documents qui corroboreraient ses déclarations.
La Libye devait contribuer à hauteur de 50 millions d'euros
Le site a notamment eu accès à une note de synthèse au "contenu explosif", versée au dossier d'instruction par les policiers le 18 octobre 2011. "Cette note de synthèse a été rédigée et remise aux enquêteurs par un témoin du dossier, Jean-Charles Brisard, ancien membre de l’équipe de campagne d’Edouard Balladur, en 1995, aujourd’hui dirigeant d’une société de renseignements privée, explique Mediapart. Il s’agit des confessions de Didier Grosskopf, 'DG', l’ancien médecin personnel de Ziad Takieddine, qui l’a accompagné à plusieurs reprises en Libye, pour y soigner des membres de la famille Kadhafi." Au cours de ses voyages, il aurait recueilli les confidences de l'intermédiaire franco-libanais, avant d'en faire part à Jean-Charles Brisard, fin 2006.
Toujours selon la note, le financement libyen prévu s’élevait au total à 50 millions d’euros et faisait intervenir personnellement Brice Hortefeux, actuel vice-président de l'UMP. Contacté par Mediapart, ce dernier confirme ces voyages en Libye, mais assure qu'"il n’a jamais été question de financement politique, ni de près ni de loin".
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