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Le sauvetage de la Grèce : c'est pas (encore) gagné

Avant d'accorder un nouveau prêt de 130 milliards d'euros à la Grèce, qui risque un défaut de paiement le 20 mars, les pays de la zone euro veulent être sure que le pays va intensifier sa politique de rigueur. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn (à gauche), s'entretient avec le ministre des Finances grec, Evangelos Venizelos, à Bruxelles le 9 février 2012.  (JOHN THYS / AFP)

L'Eurogroupe veut poser ses conditions. Réunis à Bruxelles jeudi 9 février, les ministres des Finances de la zone euro ont dit ne pas être encore prêts à débloquer une nouvelle aide financière à la Grèce lui permettant d'éviter la faillite. Et ce, malgré un accord conclu in extremis à Athènes sur un nouveau plan de rigueur, condition posée par ses créanciers. Le pays est menacé par un défaut de paiement le 20 mars, à l'expiration de 14,5 milliards d'obligations.

A l'issue de la réunion,  le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a par ailleurs indiqué que la zone euro "étudie la possibilité" de créer un compte bloqué destiné au remboursement de la dette grecque.

       • Pas d'accord concret jeudi soir

Il faudra repasser mercredi. Ce jour-là, un nouvel Eurogroupe est prévu "sous conditions". Son président, Jean-Claude Juncker, l'avait annoncé dès le début de la réunion : il ne faut pas "croire qu'il y aura un accord définitif [jeudi] soir". Cependant, "ce sera fait la semaine prochaine", a-t-il assuré. "Les négociations sont très avancées, mais nous n'en sommes pas là", a confirmé le ministre allemand, Wolfgang Schäuble.

L'Europe a promis 130 milliards d'euros de nouveaux prêts à la Grèce, à condition qu'Athènes s'engage à de nouvelles économies budgétaires et à des réformes économiques. Pour se conformer à ces exigences, le gouvernement grec a accouché dans la douleur jeudi d'un accord  avec ses créanciers publics, réunis au sein de la "troïka" (FMI, UE et BCE). Selon des fuites dans la presse, ce dernier prévoit des coupes de l'ordre de 15% dans les retraites complémentaires.

Ce nouveau plan de rigueur a provoqué la colère des Grecs. Deux jours après une mobilisation générale de 24 heures qui a rassemblé 20 000 personnes, les syndicats ont appelé jeudi 9 février à une nouvelle grève générale vendredi et samedi.

          • Les attentes de l'Eurogroupe

Des chiffres : Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a expliqué que le gouvernement et le parlement grecs devaient encore "convaincre" leurs partenaires européens de leur engagement à tenir leurs promesses s'ils voulaient obtenir ce nouveau plan d'aide vital pour l'avenir de la Grèce. Pour cela, les Grecs devront présenter des mesures chiffrées et détaillées.

Un calendrier : Les Européens veulent aussi que les chefs des principaux partis politiques de la coalition au pouvoir en Grèce confirment "par écrit" les engagements d'économies budgétaires et de réformes, selon un calendrier précis.

Des symboles : Certains pays demandent à la Grèce de prouver sa bonne volonté en prenant des mesures symboliques. Parmi elles, l'abaissement du salaire minimum. 

Un vote : Selon des diplomates, l'Eurogroupe attend que le parlement grec adopte le plan de rigueur négocié jeudi entre Athènes et la troïka, ce qui en principe doit intervenir d'ici à dimanche. Ainsi, il seront "sûrs que les promesses seront tenues quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes" aux élections prévues au printemps, explique l'un d'entre eux.

          • Le plan de rigueur grec va-t-il assez loin ? 

Le dirigeant conservateur grec Antonis Samaras, favori des sondages, s'est prévalu jeudi d'avoir "évité le pire" concernant les exigences de rigueur des créanciers de son pays en bloquant une série de mesures réclamées par l'UE et le FMI. 

Des coupes "moindres" : L'accord prévoit "des coupes dans les pensions de retraite moitié moindres" que celles envisagées, a-t-il affirmé, alors que l'ampleur exacte de ces mesures fait l'objet de toutes les conjectures faute d'informations officielles.

L'effacement incertain d'une partie de la dette : Des incertitudes planent en outre sur le résultat des négociations au sujet de l'effacement de 100 milliards d'euros de dettes détenues par les banques, assureurs et fonds d'investissement. Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, a par ailleurs annoncé qu'un accord avait été conclu avec les créanciers privés "sur les principaux paramètres" de cette restructuration de dette. 

          • L'objectif : une dette à 120 % du PIB en 2020

L'objectif est de parvenir, par le biais de ces renégociations, à réduire la dette publique globale de la Grèce à un niveau jugé soutenable, soit 120% du produit intérieur brut national en 2020. Ce seuil est une condition fixée par le Fonds monétaire international pour continuer de son côté à prêter de l'argent à Athènes.

Mais si l'effacement de dettes par les banques ne permettait pas de revenir à l'objectif de ratio de 120%, les gouvernements de la zone euro, ou des institutions comme la BCE, seraient alors contraints d'apporter une contribution supplémentaire pour y parvenir.

Les représentants des créanciers privés de la Grèce, Charles Dallara et Jean Lemierre, étaient donc à Bruxelles jeudi soir, très attentifs à l'évolution de la situation. 

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