Dans certains HLM de Paris, les murs ont des oreilles
A la suite de plaintes de locataires, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a constaté de graves manquements au respect de la vie privée de la part de l'office HLM de la Ville de Paris.
"Séropositif", "cancer", "cardiaque", "Alzheimer" : certains gardiens d'immeubles de l'office public HLM de Paris avaient la très fâcheuse habitude de collecter des données subjectives sur leurs locataires. C'est ce qu'a constaté la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), qui a annoncé jeudi 2 février avoir mis en demeure Paris Habitat de respecter la vie privée de ses locataires.
"Alcoolique", "pas de nationalité française"…
"Quelques salariés, dans l'intention bienveillante d'avoir un suivi attentif et adapté, ont cru bien faire en enregistrant (...) des informations données par des locataires qui exprimaient un besoin d'aide sociale. Ces enregistrements, effectués sans qu'aucune instruction n'ait été donnée en la matière, n'avaient pas lieu d'être", a reconnu Paris Habitat, qui gère la moitié des logements sociaux de la capitale.
Parmi ces données personnelles se trouvent des mentions relatives à l'état de santé, mais aussi des "données d'infractions", telles que "alcoolique", "violence conjugale", "ancien SDF addiction boisson", "n'est pas de nationalité française" et des traits de caractère comme "personne très difficile à vivre, de tempérament agressif et violent, très procédurier".
Paris Habitat assure avoir "pris les mesures nécessaires"
Après avoir reçu des plaintes d'associations de locataires "s'étonnant de l'accès", par certains gardiens d'immeubles, "de données relatives à leur vie privée", la Cnil a enquêté et constaté que certains d'entre eux avaient effectivement accès au compte locatif des personnes résidant dans leur immeuble, ainsi qu'à des informations sur des locataires d'autres immeubles de Paris Habitat. Or, constate la Cnil, "seules les personnes travaillant au sein du service chargé de la gestion locative peuvent avoir accès à ces informations personnelles".
Si l'office HLM se conforme dans les deux mois à la loi informatique et libertés, "aucune suite ne sera donnée à cette procédure", a précisé la Cnil. Paris Habitat a par ailleurs assuré avoir "pris les mesures nécessaires pour pallier les manquements relevés", soulignant que "les cas mis en exergue par la Cnil parmi les 120 000 locataires de Paris Habitat sont des cas très isolés".
Pour l'opposition municipale UMP, "il ne s'agit pas de cas isolés mais bien d'un fichage massif et précis des locataires du parc social". "Nous demandons la destruction immédiate de ces données et que toute commission d'attribution soit reconsidérée sur des critères objectifs, car le doute existe sur l'utilisation de ces informations pour des attributions", a déclaré Jean-Didier Berthault, au nom du groupe UMP de Paris.
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