Le Conseil de sécurité de l'ONU condamne unanimement Damas pour le massacre de Houla
Cent huit personnes sont mortes vendredi, selon un bilan officiel de l'ONU. Le Conseil de sécurité a adopté un texte dimanche soir dénonçant une violation du droit international. Même la Russie s'y est associée.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné dimanche 27 mai le massacre qui a fait au moins 108 morts à Houla (centre de la Syrie) vendredi et en a directement rendu responsable le gouvernement syrien. Le Conseil "exige" que Damas "cesse immédiatement d'utiliser des armes lourdes" dans les villes syriennes rebelles et qu'il "retire immédiatement ses troupes et ses armes lourdes" de ces villes pour les cantonner dans leurs casernes, conformément au plan de paix du médiateur Kofi Annan. FTVi fait le point sur la situation, qui pourrait marquer un tournant dans le conflit syrien.
• Que s'est-il passé ?
Les observateurs estiment que 49 enfants et 7 femmes font partie des 108 personnes tuées à Houla, et que près de 300 autres ont été blessées. C'est le bilan le plus lourd depuis l'entrée en vigueur théorique, le 12 avril dernier, du cessez-le-feu négocié par Kofi Annan et le déploiement d'observateurs de l'ONU.
Les victimes ont été notamment atteintes par des éclats d'obus ou exécutées "à bout portant". Une source à l'ONU a indiqué qu'après un "barrage d'artillerie", la ville avait été investie par des "miliciens" alaouites, la communauté à laquelle appartiennent les principaux dirigeants syriens.
• La Russie vote contre son alliée
La déclaration du Conseil dénonce un "usage scandaleux de la force contre la population civile [qui] viole les lois internationales et les engagements du gouvernement syrien". Le texte a été adopté à l'unanimité par les quinze membres du Conseil, y compris la Russie, alliée de la Syrie. C'est une avancée majeure car "seule la Russie est en mesure d'agir pour faire cesser la répression, c'est elle qui a les cartes en main", expliquait à FTVi Agnès Levallois, consultante et spécialiste du Moyen-Orient. Mais Moscou, tout comme la Chine, refuse de condamner le régime du président syrien Bachar Al-Assad. "La communauté internationale doit œuvrer au plan Annan, pas à la chute d'Assad", affirme Moscou.
• L'Iran condamne le massacre
De son côté, Téhéran dénonce la tuerie, évoquant "une action suspecte" et affirmant "qu'il faut identifier les responsables", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast. "Les interventions étrangères et les actions terroristes sont vouées à l'échec", a-t-il ajouté.
Même si l'Iran ne critique pas directement Damas, c'est un petit revers pour Bachar Al-Assad. La Syrie est le principal allié de l'Iran dans la région, et Téhéran l'a toujours fermement défendue face à la révolte populaire qui a fait plus de 13 000 morts depuis quatorze mois, selon l'opposition.
• Kofi Annan reçu mardi par Bachar Al-Assad
Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, doit rencontrer mardi à Damas le président syrien. Il est arrivé dès lundi en Syrie et doit s'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères, selon une source diplomatique syrienne.
Les quinze pays du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur "soutien total" aux efforts de médiation de Kofi Annan et "lui demandent de transmettre dans les termes les plus clairs (...) les exigences du Conseil" au gouvernement syrien. L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, a évoqué un "tsunami de mensonges" et Damas a affirmé dimanche que le pays mettrait sur pied "une commission d'enquête" pour faire la lumière sur cette tuerie.
• Les observateurs de l'ONU accusés d'être inefficaces
"Dans les jours à venir, le Conseil se réunira de nouveau pour discuter de manière plus détaillée des prochaines mesures à prendre", a précisé l'ambassadeur britannique Mark Lyall-Grant, saluant "une réponse ferme et unie" du Conseil aux "atrocités" commises par Damas. Les quinze pays doivent tenir mardi des consultations et entendre mercredi un nouveau compte-rendu de Kofi Annan sur la situation en Syrie.
Dans une lettre adressée dimanche au Conseil, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a souligné que ce massacre rendait encore plus délicate la tâche des quelque 280 observateurs de l'ONU présents en Syrie. "Ils sont de plus en plus souvent accusés de ne pas avoir réussi à faire cesser la violence et, dans certains cas, sont même blâmés pour l'augmentation de cette violence", souligne-t-il, évoquant une "incompréhension de leur rôle". Résultat, les observateurs "sont dans une situation dangereuse, à la fois pour leur capacité à mener des opérations et pour leur sécurité personnelle".
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