Le contrôle d'identité, premier accroc entre Valls et les policiers
Les syndicats sont opposés au fait de remettre un reçu aux personnes faisant l'objet de contrôles, une mesure en "préparation" au ministère de l'Intérieur.
Les syndicats de policiers ne ronronnent plus. Après une première rencontre sous le signe de la confiance avec Manuel Valls, ces derniers sont très remontés contre le ministre de l'Intérieur. En cause, l'annonce, vendredi 1er juin, que la remise de reçu aux personnes faisant l'objet de contrôles était "en préparation".
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a rappelé vendredi matin sur BFMTV que cette mesure était un "engagement" de campagne du président socialiste François Hollande. Objectif : lutter contre les contrôles "au faciès", et rendre plus "sereines" les relations entre la population et les forces de police.
Un message "de défiance"
Les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille. Selon eux, il s'agit d'un message "de défiance" envoyé aux policiers, "inadmissible", "stigmatisant" et décidé sans concertation. "On stigmatise la police comme étant une police raciste. C'est inacceptable", explique Jean-Claude Delage, le secrétaire général d'Alliance, 2e syndicat des gardiens de la paix.
"Cela part d'une présomption de discrimination des policiers, qui seraient coupables de pratiquer des contrôles au faciès. Or aujourd'hui, il y a la même diversité dans la police que dans la population qu'elle contrôle", renchérit Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie-Officiers, 2e syndicat d'officiers.
Effet pervers sur le terrain
Pour Patrice Ribeiro, cette mesure aura également un effet pervers sur le terrain. "Cela va nous enlever des outils comme la palpation où on peut trouver des armes, de la drogue, assure-t-il. Les voyous contrôlés le matin brandiront un récépissé le reste de la journée et on ne pourra plus les contrôler. Cela va générer une dynamique qui n'est pas saine."
Plusieurs organisations nationales et internationales, parmi lesquelles Human Rights Watch, ont dénoncé la propension présumée de la police française à opérer des contrôles "au faciès". Quinze personnes qui disent avoir subi des contrôles de police abusifs ont attaqué l'Etat au civil en avril dernier.
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