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Pourquoi Fabius estime que Bercy "a besoin d'un patron"

Le ministre des Affaires étrangères estime qu'"une coordination plus forte serait utile" au sein du ministère de l'Economie et des Finances.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le 4 février 2013 au Quai d'Orsay, à Paris. (MAXPPP)

Laurent Fabius risque de s'attirer les foudres de plusieurs de ses collègues. Le ministre des Affaires étrangères estime que "Bercy a besoin d'un patron", dans un entretien sur RTL, mardi 14 mai.

Il était interrogé sur les propos tenus la veille par Ségolène Royal, qui pense qu'une restructuration est nécessaire au ministère de l'Economie dirigé par Pierre Moscovici. "C'est quelque chose qui est maintenant partagé par tout le monde, donc j'imagine que s'il y a un remaniement, probablement avant la fin du quinquennat, eh bien cette question sera traitée", a ajouté Laurent Fabius.

Francetv info liste les critiques faites à l'encontre d'un ministère dont dépendent quatre ministres de plein exercice et trois ministres délégués. Pour l'instant.

Une coordination insuffisante entre ses (nombreux) locataires

"J'ai dirigé Bercy dans le passé et c'est vrai que Bercy a besoin d'un patron. Là vous avez plusieurs patrons, et quels que soient la qualité des hommes et des femmes et leur degré d'entente, je pense qu'une coordination plus forte serait utile", juge Laurent Fabius.

Fabius : "Bercy a besoin d'un patron" (RTL)

La forteresse de l'Est parisien héberge Pierre Moscovici (Economie), Bernard Cazeneuve (Budget), Benoît Hamon (Economie sociale et solidaire), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Fleur Pellerin (Economie numérique), Nicole Bricq (Commerce extérieur) et Sylvia Pinel (Commerce et tourisme). Cet organigramme fait office de cible de choix dans l'éventualité d'un futur remaniement. 

Des couacs sur des dossiers de premier plan

"C'est clair et net : il faut qu'il y ait une clarification. Ce n'est plus possible !", a déclaré une source gouvernementale qui a requis l'anonymat, assurant que les divergences entre le ministre de l'Economie et des Finances et le ministre du Redressement productif renforcent un climat déjà très anxiogène. Surtout, ces divergences apparaissent au grand jour, à l'occasion de couacs qui ont embarrassé le gouvernement. 

Dernière illustration en date : la polémique autour du rachat avorté d'une partie de Dailymotion par Yahoo!. Tandis qu'Arnaud Montebourg indique s'être opposé à l'opération en accord avec Pierre Moscovici, ce dernier dément avoir été consulté. Quelques jours plus tard, c'est au tour de Fleur Pellerin de réagir sur le dossier, illustrant les différences de points de vue entre ministres. 

Les dissensions entre Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici sont encore apparues quant le ministre du Redressement productif a critiqué la famille Peugeot, à la lueur de la fermeture de l'usine PSA d'Aulnay.

Des divergences idéologiques trop fortes ? 

Selon un financier, interrogé lundi par Reuters, Pierre Moscovici "n'est pas parvenu à contrer les effets désastreux sur les chefs d'entreprise français et les investisseurs étrangers d'une rhétorique anti-entreprises". Selon lui, le ministre de l'Economie "ne s'est pas mis suffisamment en avant et n'a pas réussi à incarner l'aile sociale-démocrate."

Tandis que Moscovici, ancien strauss-kahnien, joue le rôle de fer de lance de l'aile sociale-démocrate, Arnaud Montebourg est chargé de lutter contre les fermetures d'usines et de promouvoir le made in France, en chantre de la démondialisation. Le tout sur fond de rivalité documentée : "Ça va être un beau bordel", prédisait un des chefs de l'administration des finances le jour de la prise de fonctions des deux ministres, alors que Montebourg militait pour obtenir la tutelle d'administrations revenant traditionnellement au ministère de l'Economie. 

Un grand écart ? Un équilibre, a répondu Jean-Christophe Cambadélis, invité lundi du Talk Orange/Le Figaro : "Je crois qu’il faut lui garder [à Bercy] cette double sensibilité qu’on lui a connue dans la dernière période", a-t-il estimé. 

Une réputation écornée par l'affaire Cahuzac

Enfin, Bercy a défavorablement fait parler de lui à l'occasion de l'affaire Cahuzac. L'ancien ministre du Budget, empêtré dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale, a été contraint de démissionner, jetant la suspicion sur un exécutif qui l'avait jusqu'alors soutenu.

Accusé par la droite d'avoir protégé Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici a été contraint de se justifier, niant fermement avoir été informé des activités présumées  frauduleuses de son collaborateur.

Le ministère va-t-il faire les frais d'un remaniement et confirmer la malédiction de Bercy selon laquelle les ministres y font des passages éclairs ? "L’idée fait son chemin 'd’exfiltrer' Montebourg, en lui confiant le prestigieux maroquin de la Justice, son dada. Quant à Mosco, certains le verraient bien au Quai d’Orsay", croyait savoir Le Parisien fin avril. Mais alors, qui pourrait être le fameux "patron" ? Des noms, compilés par Reuters, circulent : parmi eux, celui du ministre du Travail, Michel Sapin, ou ceux de l'ancien président d'EADS Louis Gallois et du directeur général sortant de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy.

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