Le prix Nobel de médecine a été décerné au Britannique Robert Edwards, le père de la fécondation in vitro
"Ses découvertes ont rendu possible le traitement de la stérilité qui affecte une large proportion de l'humanité et plus de 10% des couples dans le monde", salue le comité Nobel dans un communiqué.
Robert Edwards est à l'origine de la naissance du premier "bébé-éprouvette", Louise Joy Brown, en 1978.
La fertilisation de l'ovule en laboratoire
Près de 4 millions de personnes sont nées depuis, grâce à la fécondation in vitro.
Le prix Nobel de médecine; doté de 10 millions de couronnes suédoises (1,08 million d'euros) est traditionnellement celui qui ouvre la saison des récompenses. Le Nobel de littérature sera décerné jeudi, celui de la paix vendredi.
Le processus mis en place par le professeur Edwards consiste à fertiliser un ovule en laboratoire et y laisser l'embryon commencer à se développer avant de l'implanter dans l'utérus d'une mère porteuse où il deviendra normalement un bébé.
On estime que quatre millions de bébés sont nés grâce aux techniques mises au point par Edwards et Steptoe, qui ont dû à l'époque passer outre des oppositions au sein de l'Eglise et des pouvoirs publics et dans les médias et combattre le scepticisme de la communauté scientifique.
Dans les pays occidentaux, entre 1 et 2 % des nouveau-nés seraient issus de fécondation in vitro. "La médecine n'avait par le passé que des moyens limités pour aider ces personnes. Aujourd'hui, la situation est complètement différente. La fécondation in vitro (FIV) est une thérapie établie", précise le comité Nobel, qui parle d'"une étape importante dans le développement de la médecine moderne".
La naissance de Louise
Né en 1925 à Manchester, Robert Edwards a étudié la biologie à l'université du Pays de Galles, puis à l'université d'Edimbourg, où il a passé son doctorat en 1955. Sa thèse portait sur le développement embryonnaire des souris. Il est le 30e Britannique à recevoir le Nobel de médecine.
Entré en 1958 au National Institute for Medical Research de Londres, il a entamé des recherches sur la fécondité. Cinq ans plus tard, il rejoint Cambridge, d'abord dans un poste de recherche universitaire puis fonde avec le gynécologue Patrick Steptoe la Bourn Hall Clinic, premier centre à pratiquer la FIV.
En 1968, les deux hommes mettent au point une technique de fécondation des ovules à l'extérieur du corps humain. Leurs travaux, au coeur d'un ample débat éthique, sont prometteurs. Mais le Medical Research Council met fin à leur financement. Les chercheurs se tournent alors vers des sources de financement privées.
Leurs premières tentatives de réimplantation des embryons dans l'utérus de femmes stériles échouent. En 1977, ils tentent un nouveau protocole qui n'introduit plus de traitement hormonal mais se cale sur un "timing" très précis basé sur l'évolution
des niveaux hormonaux de leurs patientes. Le 25 juillet de l'année suivante, Louise Brown devient le premier "bébé éprouvette" de l'histoire de l'humanité.
Sa naissance fait la "une" de la presse mondiale, les questions éthiques se bousculent, les Eglises s'inquiètent et nombre de personnes se demandent si les enfants issus d'une FIV se développeront "normalement". "Les études de suivi à long terme ont montré que les enfants issus d'une FIV sont en aussi bonne santé que les autres enfants", souligne le comité Nobel.
"La chose la plus importante dans la vie, c'est d'avoir un enfant. Rien n'est plus extraordinaire qu'un enfant", a réagi le professeur Edwards dans un communiqué diffusé par la Bourn Hall Clinic, qu'il a fondée en 1980 avec Steptoe et qui est devenue le premier centre à pratiquer la FIV.
Le chercheur britannique est aujourd'hui professeur émérite à l'université de Cambridge. Selon son agent, son état de santé ne lui permet pas de répondre à des interviews.
"Traité de fou"
La lauréat, trop fatigué pour commenter son prix avait déclaré il y a quelques années, avoir été "traité de fou". "Personne ne voulait prendre des risques éthiques. Ils m'ont dit que les enfants ne seraient pas normaux", avait-il déclaré à l'agence suédoise TT.
"A mon avis, ce Nobel est largement mérité. Je suis surpris qu'il arrive si tard", a réagi le professeur Martin Johnson, de l'Université de Cambridge, qui a travaillé avec le professeur Edwards dans les années 1960. Il juge son ancien mentor "extraordinaire, toujours optimiste". "Il a persisté malgré des années de dénigrement, il a amené l'obstétrique et la gynécologie à l'âge moderne", a-t-il ajouté.
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