Bourse: Paris chute de 2,83%, d'autres places européennes dégringolent
Paris, mais aussi Milan, Madrid et Francfort ont sérieusement chuté lundi alors que plusieurs indicateurs laissent planer des craintes sur la santé du secteur privé en zone euro.
C'était attendu. Au lendemain d'un premier tour de la présidentielle marqué par la première place du candidat socialiste, François Hollande, les Bourses européennes n'étaient pas à la fête lundi 23 avril. Parmi elles, la Bourse de Paris perd 2,83% à 3 098,37 points. Elle termine au plus bas de l'année.
En cause : les résultats du scrutin, qui laissent planer une incertitude sur la future politique économique de la France, mais pas seulement.
• Une baisse collective
A Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 2,83% à 3 098,37 points, à son plus bas niveau depuis quatre mois. Le Footsie britannique a perdu 1,85%, le Dax allemand 3,36%, et l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 2,39%.
"Il n'y a pas vraiment de sanction en particulier de la France, les baisses sont assez uniformes, a commenté Yohan Salleron, gérant chez Mandarine Gestion. S'il devait vraiment y avoir une sanction des Bourses, cela se produirait davantage après les résultats du second tour. Pour l'instant, le marché est plus attentiste."
"La dynamique économique dans la zone euro s'affaiblit et il va être plus difficile pour les gouvernements d'atteindre leurs objectifs budgétaires dans un environnement de croissance faible", a estimé Emmanuel Cau, stratégiste chez J.P. Morgan Asset Management.
• L'élection française scrutée par les marchés
A quelques jours du scrutin, Nicolas Sarkozy avait brandi la menace d'une panique sur les marchés en cas d'élection de François Hollande. Crédité de 28,63% des voix (contre 27,18% pour le président sortant) au premier tour, le candidat socialiste s'est placé en tête. "S'il y a un peu de soulagement lié au fait que le second tour opposera Sarkozy et Hollande, cela positionne la France en porte-à-faux avec l'Allemagne sur l'avenir de l'euro", analyse Marc Ostwald, stratégiste chez Monument Securities.
Si les investisseurs sont attentifs au scrutin français, confirment Les Echos, le lien entre élection présidentielle et spéculation est pourtant jugé "fantasmagorique" par Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis Asset Management, pour qui il y aura seulement "un peu de volatilité". "Les investisseurs internationaux nous interrogent beaucoup sur la situation de la France, les résultats attendus au deuxième tour. S'ils avaient eu des inquiétudes spectaculaires, ils seraient déjà intervenus sur le marché de la dette", analysait-il la semaine dernière.
La pression s'est pourtant fait sentir lundi sur le marché obligataire. Vers midi, l'écart (spread) de rendement entre le taux de l'emprunt d'Etat à 10 ans français et son équivalent allemand (Bund) s'est creusé de trois points de base (pdb), à 142 pdb, après avoir atteint 149 pdb en matinée. Cet écart, qui n'était que de 110 pdb au début du mois, avait atteint jeudi 151 pdb à la suite d'une rumeur sur une possible dégradation de la note souveraine de la France.
• Les Bourses craignent une crise politique aux Pays-Bas
Les investisseurs ont également réagi à une série de mauvaises nouvelles pour la zone euro. Les interrogations persistent sur les chances qu'ont plusieurs pays d'atteindre leurs objectifs de réduction des déficits. Les Pays-Bas ont notamment échoué samedi à s'entendre sur la réduction de leur déficit, ce qui devrait entraîner la tenue d'élections législatives anticipées et menace leur triple A.
Le Premier ministre, Mark Rutte, a présenté lundi à la reine Beatrix la démission de son gouvernement de centre-droit. "Les Pays-Bas pourraient être un problème car jusqu'ici c'était un partenaire stable de la zone euro. [La situation néerlandaise] traduit des tensions croissantes au sein de la zone. C'est réellement un problème pour le marché", a commenté Christian Stocker, stratégiste chez Unicredit.
• Wall Street s'inquiète aussi
Par ailleurs, Wall Street qui a ouvert en net repli lundi, à l'unisson des marchés européens, a aussi fini en baisse. Le Dow Jones a cédé 0,78% et le Nasdaq 1%. Selon les chiffres provisoires à la clôture, le Dow Jones Industrial Average a perdu 102,17 points à 12.927,09 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 30,02 points à 2.970,43 points.
Wall Street distillait les développements politiques survenus en Europe ce week-end, de la démission du gouvernement néerlandais à la présidentielle française. "Les résultats sont accueillis négativement par les marchés financiers qui y voient l'illustration de la perte de soutien pour les mesures d'austérité" décidées pour contrer la crise de la dette, a expliqué Dick Green, stratégiste pour le site d'analyse financière Briefing.com.
• Récession en vue
Autre annonce qui pèse sur les marchés : le ralentissement de l'activité dans le secteur privé en France, en Allemagne et dans la zone euro au mois d'avril. L'activité manufacturière s'est aussi contractée sur la même période en Chine, ce qui accrédite la thèse d'un ralentissement de l'économie.
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