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Les Egyptiens votent pour un référendum constitutionnel controversé

Hier encore, des partisans et des opposants au président Mohamed Morsi se sont affrontés, notamment à Alexandrie, la deuxième ville du pays. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un homme en train de voter à l'occasion du référendum sur la constitution, au Caire en Egypte, le 15 décembre 2012.  (MARCO LONGARI / AFP)

Les partisans du "oui" et du "non" se sont affrontés jusque tard dans la nuit. Mais samedi 15 décembre, comme convenu, les bureaux de vote ont ouvert peu après 07h00, heure française. Une partie des 51 millions d'électeurs égyptiens est appelé à se prononcer sur un projet de Constitution qui divise profondément le pays.

L'opposition égyptienne a accusé samedi les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, de chercher à "truquer" le référendum, en faisant état de nombreuses "violations". "L'étendue des infractions (...) indique une volonté claire de truquer la volonté des électeurs de la part des Frères musulmans, dans le but de faire passer la Constitution de la confrérie", a affirmé dans un communiqué le Front du salut national (FSN), une coalition des principaux mouvements d'opposition.

Le référendum se tient dans dix gouvernorats, dont Le Caire et Alexandrie et la région instable du Sinaï (est). Dix-sept autres gouvernorats voteront le 22 décembre. Francetv info revient sur ce qu'il faut savoir concernant ce scrutin sous tension.

Pourquoi ce référendum ? 

La commission constituante a adopté, vendredi 30 novembre, un projet de loi fondamentale pour remplacer celle qui avait été abrogée après la chute d'Hosni Moubarak début 2011. Ratifié par le président Mohamed Morsi, le texte est soumis à référendum.

Le texte contient des avancées démocratiques, comme la limitation du mandat présidentiel à quatre ans renouvelables une fois, alors qu'Hosni Moubarak avait dirigé le pays pendant trois décennies. La fonction de vice-président est supprimée, l'intérim étant assuré par le Premier ministre pour les empêchements temporaires et par le président de la Chambre des députés en cas de vacance de la présidence. Les syndicats ne peuvent être dissous et les journaux ne peuvent être saisis ni suspendus, sauf sur décision de justice.

En revanche, certaines parties du texte sont très critiquées par les défenseurs des droits. Un article permet notamment de traduire des civils devant des tribunaux militaires "en cas de crise de nature à nuire aux forces armées""Il y a de bons articles, favorables aux libertés, mais il y en a d'autres qui sont catastrophiques, comme celui concernant les injures, qui pourrait être utilisé contre les journalistes critiquant le président ou d'autres représentants de l'Etat", avait mis en garde le militant des droits de l'homme Gamal Eid. Les poursuites pour "injure au président" et "insulte à l'autorité judicaire" ont augmenté depuis l'arrivée de Mohamed Morsi au pouvoir, note Human Rights Watch dans un communiqué. 

Quelles mesures de sécurité pour encadrer le vote ?

Le référendum a été précédé par plusieurs semaines de manifestations qui ont parfois dégénéré en affrontements entre opposants et partisans du président Mohamed Morsi et du mouvement des Frères musulmans dont il est issu. Vendredi encore, des accrochages entre plusieurs centaines partisans du "oui" et du "non" ont fait une quinzaine de blessés à Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays.

Affrontements à Alexandrie entre pro et anti-morsi (REUTERS / AFP)

Début décembre, huit personnes avaient été tuées dans des heurts entre les deux camps aux abords du palais présidentiel à Héliopolis, dans la banlieue du Caire. Quelque 120 000 soldats ont été appelés en renfort pour aider les 130 000 policiers à assurer la protection des opérations de vote. Mohamed Morsi a donné à l'armée le droit d'arrêter des civils dans le cadre du maintien de l'ordre jusqu'à l'annonce des résultats définitifs, à une date qui n'a pas encore été annoncée. Une mesure décriée par la population.

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