Athlétisme aux JO de Paris 2024 : "C'est un bilan décevant", admet le patron des Bleus, Romain Barras

L'équipe de France d'athlétisme n'a remporté qu'une seule médaille, l'argent de Cyréna Samba-Mayela. Le directeur de la haute performance pointe néanmoins des "lueurs d'espoirs" parmi la jeune génération tricolore.
Article rédigé par Anaïs Brosseau - envoyée spéciale au Stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le directeur de la haute performance de la Fédération française d'athlétisme, Romain Barras, le 5 juin 2024. (JEAN-MARIE HERVIO / AFP)

Une seule médaille. Comme à Tokyo en 2021, les Bleus de l'athlétisme reviennent des JO avec une valise bien légère, remplie d'une seule breloque en argent, celle de Cyréna Samba-Mayela sur 100 m haies, remportée samedi 10 août. Ce bilan famélique n'est pas une surprise tant l'équipe de France peine à exister au niveau mondial depuis 2019 : deux médailles aux Mondiaux de Doha (2019), une aux JO de Tokyo (2021), aux Mondiaux de Eugene (2022) et de Budapest (2023).

Au Stade de France, les Tricolores ont en revanche récolté plusieurs 4e places : celle d'Alice Finot sur 3 000 m steeple assortie d'un record d'Europe, de la sensation Clément Ducos sur 400 m haies et des relayeuses du 4x100 m. A relever aussi, les 5e places de Rénelle Lamote sur 800 m et des relayeuses du 4x400 m. Le directeur de la haute performance, Romain Barras, est revenu, en conférence de presse samedi 10 août, sur le "bilan décevant" de ces Jeux, mettant en avant le très haut niveau de la concurrence.

Avec une médaille d'argent, ce bilan est-il en deçà des espérances ?

Romain Barras : C'est un bilan décevant. Néanmoins, on voit que pour aller chercher une médaille sur ces Jeux olympiques, il fallait souvent un record de France, parfois même un record d'Europe ne suffisait pas. On savait qu'on avait des athlètes capables d'aller chercher une médaille, ça se jouait entre la 3e place et la 5e, 6e place. Ça n'a jamais basculé sur la médaille. On a pas mal de 4e, 5e, 6e places, malheureusement. Ces athlètes ont été au bout d'eux-mêmes, mais se sont heurtés à un niveau mondial qui est encore un petit peu haut.

Pouvait-on s'attendre à ces résultats ?

On a une génération qui arrive depuis les Europe à Rome [en juin] : cette équipe de France dynamique a eu de jolis résultats au niveau européen. Mais on savait que la marche pour les JO serait haute. On a cette sublime médaille d'argent. C'est vraiment dans cette dynamique-là que doit s'engouffrer l'équipe de France, qui est plutôt jeune. On a plus de finalistes, d'athlètes placés qu'à Tokyo, mais ça ne suffit pas encore car le niveau est vraiment très très haut.

Les JO de Paris sont-ils finalement arrivés trop tôt pour les Bleus de l'athlétisme ?

Bien sûr qu'on est impatients, qu'il y a un engouement populaire et qu'on en attend plus. Tout ce qui a été mis en place par les athlètes avec leurs entraîneurs, mais aussi ce que nous avons mis en place sur l'optimisation de la performance et le suivi médical, n'a pas suffi. Mais on sent que, vraiment, il y a quelque chose d'enclenché. Il faut être patient avec la génération actuelle. On voit qu'elle a encore besoin de mûrir. Elle va se servir de ces Jeux olympiques. C'est un bilan décevant, mais il y a quand même de belles lueurs d'espoir derrière.

En 2003, lors des Mondiaux au Stade de France, les athlètes s'étaient sublimés avec sept médailles. Pourquoi les Français n'ont-ils pas été capables d'utiliser de la même façon le soutien du public ?

J'aurais aimé que ce public incroyable puisse déclencher le petit truc en plus qui permet d'aller chercher la médaille. Mais ce petit truc en plus a existé lors des records de France et d'Europe. On est face à une concurrence qui est meilleure que nous encore actuellement. Il faut continuer à travailler. La majorité de nos meilleurs athlètes ont été à leur niveau, voire meilleurs. Ils n'ont pas été décontenancés.

Certains ont tout de même pointé l'ambiance du Stade de France qui les a parfois fait sortir de leur épreuve. Ont-ils manqué de préparation sur ce point ?

Ils ne sont pas non plus légion. On est dans un stade de 60 000 personnes et on a une sélection de 68 athlètes individuels. Donc forcément, parmi eux, il y en a qui ne sont pas capables de se servir de cet engouement. Il faut avoir une certaine habitude, un certain niveau. Oui, ça peut inhiber. On avait prévenu. On a parlé beaucoup en rassemblements du "home disadvantage", de ces jambes en coton. Et dans une sélection de 68, s'il y en a deux ou trois... Ça arrive. Mais je suis sûr qu'ils vont s'en servir aussi.

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