Les galères, la qualification in extremis et le forfait final : la fin du rêve olympique de Kevin Mayer

Le Français, double champion du monde, aurait dû participer au décathlon, vendredi. Blessé à l'ischio-jambier, il a finalement renoncé, jeudi.
Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Kevin Mayer lors de l'épreuve du saut à la perche, au décathlon des championnats d'Europe d'athlétisme, le 11 juin 2024, à Rome. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

C'est la fin d'un rêve olympique. Kevin Mayer a annoncé, jeudi 1er août, ne pas participer au décathlon des JO de Paris, prévu vendredi, au Stade de France. Le Montpelliérain, recordman du monde de la discipline, a renoncé à cause d'une blessure à l'ischio-jambier. Depuis plusieurs années, le Français souffre de plusieurs maux. Pour être à Paris, il avait d'ailleurs dû batailler. Retour sur ce parcours du combattant, à l'issue dramatique. 

Mondiaux de Budapest : deux épreuves et puis s'en va

25 août 2023. "Kéké la braise", champion du monde en titre, a une première possibilité de se qualifier pour les JO. Pour cela, il faut atteindre, a minima, 8460 points à l'issue des dix épreuves. Le natif d'Argenteuil en sera loin. Arrivé diminué à cause d'une gêne au tendon d'Achille gauche ressentie à l'Euro en salle (mars) et d'une déchirure à l'ischio-jambier survenue au meeting de Paris (9 juin), Kevin Mayer abandonne dès la deuxième épreuve. Il avait alors livré une prestation très moyenne, courant le 100 m en 10''79 et sautant en longueur à 7,25 m (son record est de 7,80 m). "J'ai vécu 15 jours très difficiles, j'espérais que la douleur allait disparaître, parfois il y a un switch. [...] J'aurais pu aller plus loin, mais j'aurais terminé avec une grosse blessure", avait alors déclaré l'athlète à France Télévisions.

Brisbane, le rendez-vous manqué

Après ce premier revers, Kevin Mayer décide de s'envoler pour Brisbane, en Australie. L'hémisphère sud lui a réussi trois ans plus tôt. C'est à la Réunion qu'il a décroché les minima olympiques pour les JO de Tokyo. A un mois du début du meeting, le 20 novembre 2023, le décathlonien se veut rassurant sur son état de forme. "Au bout d'un mois, les douleurs étaient superficielles, aujourd'hui, elles sont inexistantes", annonce-t-il. A cinq jours de la compétition, le 13 décembre, Kevin Mayer tient, cependant, un discours différent. Toujours gêné par une douleur à la hanche, conséquence d'une mauvaise réception sur le concours de saut en longueur des Mondiaux, il déclare forfait avant même le début de la compétition.

Les France en salle : nouvel échec, nouvelle douleur

Pour varier les plaisirs, le décathlonien s'aligne sur l'heptathlon des championnats de France, à Miramas, le 17 février 2024. Mais une nouvelle fois, le même scénario se répète. Sur la première épreuve, le 60 m, "Kéké" lève le pied après 40 m de course. Il évoque "une courbature à l'ischio" qui ne lui permet pas "d'y aller à fond". Au poids, le multimédaillé mondial mord ses trois jets, ces derniers étant peu concluants, autour de 14,50 m alors que son record est à 17,08 m. "Je me suis bêtement fait une petite entorse mercredi en marchant. J'ai fait ma rééducation pendant trois jours, je suis au bout du rouleau", avait-il expliqué, avant de réaliser un bon concours de perche avec une barre à 5,15 m. 

San Diego, tentative avortée

Kevin Mayer se rend alors à San Diego, aux Etats-Unis. Depuis son forfait à Brisbane, le décathlonien a coché sur son calendrier le meeting organisé par l'université américaine, les 21 et 22 mars. Avec son équipe, l'athlète de 32 ans arrive dès le 5 mars"Tous les voyants sont au vert. [...] Il est confiant au vu de sa préparation, car on a enchaîné plusieurs mois d'entraînement sans gros frein ou gros pépin physique", déclare son entraîneur, Alexandre Bonacorsi. Mais entre les paroles et les actes, il y a parfois un gouffre. Après un début de décathlon correct, le Tricolore s'arrête après la hauteur, sa quatrième épreuve. Strappé à la cuisse droite et à la cheville droite, il ne parvient à franchir aucune barre et abandonne. Le Français, victime d'une première alerte au genou au saut en longueur à cause de la perte de deux pointes sous sa chaussure, annonce souffrir d'une contracture de fatigue.

Rome, la délivrance

10 juin 2024. Kevin Mayer ne dispose plus que de 20 jours pour signer les minima. Invité par la fédération européenne (EA), le Français s'aligne sur le décathlon des championnats d'Europe. Une sorte de dernière chance. Avec sa rhétorique habituelle, le Montpelliérain se dit prêt "physiquement et mentalement". Sans se donner à 100%, le Tricolore enchaîne les épreuves jusqu'à se faire peur à la perche, franchissant sa première barre du concours (5 m), au troisième et dernier essai. Ses deux derniers travaux (javelot et 1 500 m) sont des formalités. Kevin Mayer termine 5e de la compétition et décroche, enfin, les minima olympiques en totalisant 8 476 points. Voilà deux ans qu'il n'avait pas terminé un décathlon. 

La blessure au meeting de Paris

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais Kevin Mayer veut se tester sur un 110 m haies à haute intensité avant les JO. Dimanche 7 juillet, il s'aligne donc sur la distance au meeting de Paris. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Le double champion du monde chute lourdement après avoir manqué son impulsion sur la 8e haie. A 18 jours des Jeux, le verdict est sans appel, le Français souffre d'une "lésion importante" à l'ischio-jambier gauche.

De l'espoir au forfait inéluctable

Lancé dans une course contre-la-montre, Kevin Mayer se montre rassurant. Adepte des sessions en caisson hyperbare pour favoriser la guérison, le double champion du monde, évoque à cinq jours du début de la compétition des "progrès rassurants". Mais à l'approche du jour J, l'athlète se montre de plus en plus pessimiste. A trois jours de la première épreuve, il estime n'avoir que "10% de chance d'être au départ". Après un ultime test sur 30 m, réalisé sur la piste violette du Stade de France, l'athlète finit par renoncer. "Malheureusement les tests n'ont pas été concluants, ils ne donnent aucun espoir sur le fait d'être compétitif demain", écrit-il sur son compte Instagram.

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