: Reportage JO 2024 : "Je ne connais rien aux règles"... Quand l'expérience olympique passe avant le spectacle sportif
"On a regardé les règles cette semaine, histoire de comprendre. J'ai saisi qu'ils ne pouvaient toucher la balle que d'un côté de la crosse." Dans le train en direction du stade Yves-du-Manoir de Colombes (Hauts-de-Seine), Paul ne le cache pas : il n'a jamais un regardé un match de hockey sur gazon de sa vie. Pourtant, avec sa femme Charlotte, sac à dos avec drapeau tricolore glissé dans une des poches, et leurs deux filles de 6 et 4 ans, Constance et Victoire, ils vont assister à deux rencontres de poules de ce sport, avec en primeur un France-Espagne, mardi 30 juillet.
"Au moment d'acheter les places, j'ai mis un filtre avec le prix. A quatre, c'est vite un budget. Le hockey, c'était seulement 24 euros la place, justifie la mère de famille, qui habite en bordure de Paris.
"On ne connaît ni le hockey, ni le stade Yves-du-Manoir. On va pouvoir découvrir, ainsi que nos filles."
Charlotte, avant le match Espagne-France de hockey sur gazonà franceinfo: sport
Pour vivre pleinement l'expérience JO, la famille a également prévu d'assister à des épreuves de para-athlétisme fin août et de se rendre au parc urbain de la Concorde, où sont organisées des démonstrations de break, BMX, basket 3x3 ou encore skateboard.
Vivre les JO à travers des sites d'exception
Avec des prix attractifs, les familles étaient nombreuses au stade Yves-du-Manoir, mardi 30 juillet. Pour preuve, des "Allez les Bleus" entonnés par des voix enfantines n'ont eu de cesse de descendre des gradins pas totalement garnis. "On n'est pas du tout sportifs dans la famille, mais on voulait vraiment participer aux JO. On a donc pris les places les moins chères qu'on pouvait et on a choisi des sports collectifs, car je trouve ça plus vivant", retrace Anne, Toulousaine venue avec son mari Denis et leurs trois adolescents passer quelques jours de vacances en mode Jeux olympiques. Après le rugby à 7 la veille et le hockey sur gazon mardi, ils se rendront à Lille mercredi pour applaudir les basketteuses.
Si le prix a constitué pour certains un filtre, d'autres ont adopté une stratégie différente. Parisienne depuis dix ans, Lucie a choisi d'acheter les billets selon les sites de compétition. L'équitation pour Versailles, "un lieu chargé d'histoire", et l'escrime pour le Grand Palais, où elle se rend régulièrement pour des expositions.
"On ne connait rien aux épreuves qu'on est allés voir, mais on s'est dit que c'était une expérience unique de vivre des moments des Jeux olympiques dans une ville qu'on adore. On voulait faire partie de cet événement."
Lucie, spectatrice d'épreuves olympiquesà franceinfo: sport
La constitution de packs avec trois sports, lors de la première phase de ventes en février 2023, a aussi poussé certains spectateurs à la découverte de nouvelles disciplines, le troisième sport proposé étant souvent moins médiatique. Pour Lucie, le choix s'est porté sur le water-polo. "On s'est dit que ce serait sympa à voir et qu'il y aurait une bonne ambiance", se souvient la Parisienne, qui souhaite désormais acheter des places pour les Jeux paralympiques afin de découvrir d'autres sites, comme celui des Invalides avec le tir à l'arc. Gwenola aussi s'est rabattue sur le water-polo, faute de pouvoir s'offrir des places pour la natation, beaucoup trop onéreuses pour son budget.
Face à des sports qu'ils ne connaissent pas, ces spectateurs adoptent souvent le même réflexe : s'enquérir des règles, des noms des favoris, du déroulement de l'épreuve, pour ne pas arriver totalement néophytes. "En équitation, heureusement qu'une amie nous avait briefés sur les règles du dressage, car le speaker n'était pas pédagogue. Je me suis quand même prise au jeu", assure Lucie.
Le lendemain, avant de s'installer dans les grandioses gradins du Grand Palais, elle et son mari avaient regardé de l'escrime à la télévision, "pour se remettre en tête les règles entre le fleuret, le sabre et l'épée". "Le sport, ce n'est pas du tout mon truc normalement. Mais comme c'est à Paris, je me prends à regarder", rit la jeune femme.
A la Concorde, les Jeux sans les compétitions
Sans billet en poche pour des compétitions, les spectateurs disposent d'autres moyens pour vivre l'expérience olympique. En plus des épreuves accessibles gratuitement, comme le triathlon ou la natation marathon, ils peuvent acheter un ticket d'entrée (24 euros) pour le parc urbain de la Concorde, lieu d'initiation et de démonstrations de sports urbains (break, BMX, skateboard, basket-ball 3x3). Des entraînements d'athlètes en amont des compétitions sont aussi visibles.
"Je voulais acheter des places pour le skate, car mon fils en fait. Mais je n'ai jamais réussi à en trouver, alors on est venus ici pour compenser", glisse Quentin, arrivé du Val-d'Oise avec son fils de 9 ans. "L'endroit a l'avantage de faire découvrir plusieurs disciplines en même temps", complète Laurence, qui a déjà assisté avec ses enfants à des sessions de judo et de handball. Elle pourrait désormais ajouter à sa liste de découvertes le BMX freestyle, diffusé ce jour-là gratuitement dans l'une des enceintes du parc.
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