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Mali : des tirs près du palais présidentiel

Des soldats semblent s'en prendre au palais présidentiel à Bamako. Un peu plus tôt, ils ont pris la radio-télévision d'Etat.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Des soldats défilent à Bamako (Mali) lors d'une parade pour les 50 ans de l'indépendance, le 22 septembre 2010. (SIA KAMBOU / AFP)

Des coups de feu ont été entendus mercredi 21 mars au soir à proximité du palais présidentiel à Bamako, la capitale malienne, selon des témoins contactés par l'Agence France-presse. "Actuellement, il y a des tirs non loin du palais présidentiel. Je crois que ce sont des mutins qui tirent, mais la garde présidentielle riposte", a dit l'un d'entre eux.

Plus tôt mercredi, des soldats ont pris l'Office de radio-télévision du Mali (ORTM). Des tirs nourris ont éclaté dans le centre de la capitale. Plusieurs dizaines de soldats ont tiré des coups de feu en l'air, semant la panique dans la population. Les militaires qui ont envahi l'ORTM sont des jeunes qui agissent à visage découvert.

Les soldats parachutistes restent fidèles au président

La France, ex-puissance coloniale, a rapidement appelé "au respect de l'ordre constitutionnel" et condamné "tout recours à la violence". Au même moment, des soldats parachutistes d'élite, les "Bérets rouges" loyaux au président malien Amadou Toumani Touré, surveillaient plusieurs bâtiments officiels, dont le siège de l'ORTM, l'Assemblée nationale et le Trésor public.

"Nous en avons marre de la situation dans le nord" du pays, en proie à une rébellion touareg et à des groupes armés, a affirmé à l'AFP l'un des militaires mutin. Ces soldats se plaignent du manque de moyens pour les combattre.

La moitié du pays est en proie à un conflit. Rebelles touaregs, hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi, mouvement islamiste : l'armée ne parvient plus à contrôler son vaste territoire en partie désertique. Et ce, alors que le gouvernement accuse Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a des bases dans le nord du Mali, de combattre aux côtés des rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).

Une visite qui tourne mal dans la matinée

Dans la matinée, une visite au camp militaire de Kati (à 15 kilomètres au nord de Bamako) du ministre de la Défense et des Anciens combattants, le général Sadio Gassama, a mal tourné, relate Jeune Afrique. Le ministre devait faire un compte rendu sur la situation au nord-Mali. "Le ministre a parlé des nouveaux matériels militaires qui tardent à être acheminés de l’extérieur du pays, mais les militaires s'attendaient visiblement à plus d'informations et surtout à une meilleure prise en charge des familles des soldats décédés au cours des combats", relate l'hebdomadaire.

"Selon une source sécuritaire à Bamako, le ministre Gassama a également parlé d’envoyer un nouveau contingent au front. Les discussions se sont alors envenimées et les pierres ont commencé à pleuvoir sur le ministre et sa délégation", rapporte Jeune Afrique, qui affirme que le général "est rentré en catastrophe dans sa voiture avant de quitter le camp militaire. Quelques minutes plus tard, les militaires ont cassé un dépôt d’armes et ont commencé à tirer en l'air."

"Nous voulons des munitions"

"Nous voulons des munitions pour aller combattre les rebelles touaregs, trop c'est trop, a déclaré un caporal du camp à l'AFP. Le ministre de la Défense est venu ce matin à Kati, mais il ne nous a pas convaincus." Il a toutefois affirmé que les soldats ne voulaient pas "le départ du président de la République", Amadou Toumani Touré,  lui-même ancien militaire. "C'est notre président, mais il faut qu'il règle les choses."

Début février, des femmes et proches de soldats avaient manifesté dans plusieurs villes maliennes, dont Bamako, pour dénoncer le silence sur la situation de ces militaires et la "mollesse du pouvoir" face aux rebelles touaregs. Certaines de ces manifestations avaient dégénéré. Des propriétés appartenant à des Touaregs avaient été saccagées. Les manifestants s'en étaient également pris aux biens d'autres communautés à la peau claire, comme les Arabes du Mali ou les Mauritaniens.

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