Merkel et Hollande ne veulent pas la même Europe
La chancelière allemande a fini par céder sur la croissance défendue par François Hollande, au sommet de Rome, vendredi. Mais elle ne partage toujours pas sa vision de l'Europe.
Ils sont évidemment d'accord sur un point : il faut sortir de la crise. Mais les méthodes diffèrent. François Hollande a finalement arraché à Angela Merkel un début d'accord sur la croissance, au sommet de Rome, vendredi 22 juin. La chancelière allemande, porte-drapeau de l'austérité dans la zone euro, a toutefois rappelé sa vision de l'Europe, si différente de celle du président de la République.
• "Il ne faut pas moins d'Europe, mais plus d'Europe"
"Nous devons créer une structure politique qui va de pair avec notre monnaie unique", a déclaré la chancelière, à l'issue de la réunion avec ses homologues français, espagnol et italien. C'est son crédo. Angela Merkel défend depuis longtemps l'idée d'une Europe politique plus forte.
François Hollande n'y est pas opposé, mais il exige des contreparties. Contre un peu de "souveraineté", il exige de la "solidarité". Il n'en démord pas et a à nouveau insisté sur la nécessité de mutualiser la dette. "A mesure que se fera l'intégration, il faudra qu'il y ait des eurobonds, qui seront un instrument utile pour l'Europe", selon le président de la République. Jean-Marc Ayrault a toutefois concédé jeudi à la presse allemande que l'intégration politique était un préalable à la mise en place des euro-obligations.
• Pas de mutualisation de la dette
Plus d'Europe, mais pas trop. Les eurobonds, Angela Merkel n'en veut pas. De la même façon, elle s'est à nouveau opposée vendredi à ce que les Fonds de sauvetage européens, le FESF et le MES, puissent contribuer directement à la recapitalisation des banques endettées. La chancelière veut garder le "contrôle". "Si je donnais simplement de l'argent à une banque espagnole ou autre (...), je ne pourrais pas exiger des changements de sa part, parce que je ne suis pas responsable. Je suis la chancelière allemande, je ne peux demander ça qu'aux banques allemandes", a-t-elle souligné.
Une vision bousculée par les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), qui préconise "une action immédiate vers une union bancaire pour la zone euro" et un "partage des risques", comme l'explique Le Figaro.
• Des réformes, des réformes, des réformes
Angela Merkel met la pression à François Hollande. A Rome, elle lui a rappelé que "la croissance et des finances solides sont les deux faces d'une même pièce". Avant d'ajouter qu'en plus de la "solidarité", il fallait de la "compétitivité".
Jusqu'à présent, le président de la République se cachait derrière le calendrier électoral français, mais c'est fini. François Hollande peut à présent entamer les premières réformes, qui ont déjà le parfum de la rigueur.
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