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Incendies : "Le problème essentiel en Sicile, c'est qu'on ne nettoie pas les sous-bois", témoigne un habitant

Dans la région de Palerme, les pompiers ont combattu 650 départs de feu sur l'île depuis dimanche. Au moins cinq personnes ont perdu la vie. Jean-Paul Barreaud, un Français qui habite sur l'île italienne, raconte la violence du phénomène.
Article rédigé par franceinfo
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Les corps de deux septuagénaires ont été retrouvés carbonisés dans une maison ravagée par les flammes. (GIOVANNI ISOLINO / AFP)

"On est passé au-dessus de 50 degrés" : en Italie, au moins cinq personnes ont trouvé la mort en Italie dans des incendies en Sicile, amplifié par la chaleur. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent ainsi les flammes longer une autoroute devant des voyageurs interloqués près de Syracuse. Sur franceinfo, Jean-Paul Barreaud, guide-conférencier qui habite à proximité de Palerme, estime que la situation est grave : "Il faut absolument qu'on légifère", affirme-t-il sur franceinfo.

franceinfo : En quoi ces incendies sont-ils différents des précédents que la Sicile a pu connaître ?

Jean-Paul Barreaud : La particularité de ces incendies, c'est que, comme très souvent, en Sicile, à partir du moment où ça démarre, c'est le vent qui va faire l'essentiel du travail. Nous avons ici des vents dominants. Il y en a huit en Sicile, qui sont très forts. Celui-là en particulier, c'est le sirocco qui est un vent très chaud, qui vient de Libye et peut aller jusqu'à des 80 km/h. Et c'est lui qui a rendu ces incendies extrêmement virulents, mais en poussant très vite les flammes. Le problème essentiel de ces incendies, c'est qu'en Sicile, on ne nettoie pas les sous-bois, on n'oblige jamais les propriétaires terriens à éliminer des matériaux combustibles. D'année en année, il y a toujours des incendies. Cette fois-ci, simplement, ça a pris des proportions considérables puisqu'elles s'étendent sur toute la province.

>> La Sicile, qui affronte des températures caniculaires, se bat contre de violents incendies

Les dégâts environnementaux sont sérieux sur ces collines de Palerme ?

Oui. Nous ne sommes pas une région très boisée et le peu de bois que nous avons, nous y tenons. Or, ils ont tous brûlé : le bois d'Alcamo, les Madonies, qui sont les magnifiques montagnes au dos de Cefalù. On parle essentiellement de systèmes écologiques, mais on ne parle pas de systèmes économiques. Autrefois, ces arbres-là étaient exploités d'un point de vue agricole : ce sont essentiellement des frênes et des caroubiers, le frêne produisant la manne et le caroubier, les fameuses fèves dont on fait les édulcorants, notamment pour les sirops pour la toux.

Les Siciliens sont habitués à la chaleur, mais ces jours-ci la canicule est assez extrême...

Ca nous a surpris ! Nous sommes pourtant très habitués, en juillet et en août, à des températures qui vont jusqu'à 43 degrés. C'est tout à fait normal chez nous. Mais là, on est passé au-dessus de 50 degrés. La commune la plus chaude d'Europe, c'est Catenanuova, entre Palerme et Catane, où le mercure a atteint 54 degrés ! C'est tout à fait anormal. Dans ce contexte-là, il faut un plan de la protection civile qui désormais, je crois, est inéluctable. Cette affaire va passer au Parlement italien. Il faut absolument qu'on légifère de telle manière qu'on ait un plan sérieux de prévention des incendies. C'est devenu un problème vraiment trop important.

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