Climat : "L'acidité a augmenté de 30% dans les océans depuis l'ère préindustrielle, c'est catastrophique", avertit un chercheur
Selon le chercheur Denis Allemand, cette acidification des mers est la conséquence de l'augmentation du gaz carbonique dans l'air.
L'organisation météorologique mondiale, qui dépend de l’ONU, a publié ce mercredi son rapport annuel. "Le temps nous est compté", alerte Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU. Selon ce rapport, la dégradation du climat est installée. Les concentrations de dioxyde de carbone ou de méthane continuent de grimper. On constate une augmentation de 150% de CO2 par rapport à l’ère préindustrielle. Conséquence : le réchauffement qui participe au blanchiment des coraux atteint un seuil record. La hausse du niveau des mers s’accélère.
Phénomène moins connu mais tout aussi mauvais pour l'environnement, l'acidification des mers atteint aussi un niveau élevé. "L'acidité a augmenté de 30% dans les océans depuis l'ère préindustrielle", souligne mercredi 18 mai sur franceinfo Denis Allemand, directeur du centre scientifique de Monaco. Cette acidité affecte les coraux, souligne ce chercheur, spécialisé en physiologie comparée et écophysiologie marine. L'expert rappelle que les coraux sont à l'origine de 30% de tout ce que les océans comptent de vie. "Donc si ces récifs venaient à disparaître, on verrait disparaitre des océans 30% des poissons et autres invertébrés. C'est catastrophique", averti-t-il sur franceinfo.
franceinfo : La hausse du niveau des mers s'accélère, et leur acidification également. A quoi est due cette acidification des eaux ?
Denis Allemand : C'est tout simplement la conséquence de l'augmentation du gaz carbonique dans l'air. Le CO2 qui augmente dans l'air, à cause des activités humaines, va se dissoudre notamment dans l'eau et ça fait de l'acide. Et donc l'acidité des océans augmente de manière importante, +30% depuis l'ère préindustrielle. Cela a un effet sur la physiologie des organismes, en particuliers sur ceux qui fabriquent des squelettes comme les mollusques, les coraux. Ils ont donc beaucoup plus de mal à fabriquer ces squelettes, qui sont pourtant très important.
Il y a ensuite des réactions sur la chaîne alimentaire ?
Les coraux sont sûrement les organismes les plus affectés par ces évènements, hors ils sont à l'origine de 30% de tout ce que les océans comptent de vie. Donc si les récifs coralliens venaient à disparaître, on verrait disparaitre des océans 30% des poissons et autres invertébrés. C'est catastrophique !
Toutes les mers du globe sont concernées ?
L'acidification, comme le réchauffement climatique, touche toutes les mers du globe, c'est un effet général. Maintenant, les littoraux sont encore plus concernés car en plus d'une activité globale, il y a une pollution locale liée à la densité de la population. Donc tous ces écosystèmes qui sont près des côtes, qui sont par ailleurs les productifs comme les herbiers et les récifs de coraux, sont effectivement les plus soumis à cette action.
La hausse de la température a également un impact ?
Cette augmentation est en train de créer la disparition du premier écosystème de la planète : les récifs coralliens. Il y a quelques années, on utilisait des canaris dans les mines pour prévenir de la présence de CO2. Les récifs coralliens sont l'équivalent : c'est un écosystème qui est en train de montrer que les océans souffrent et disparaissent petit à petit. Malheureusement, on ne les voit pas vraiment sous nos yeux et c'est peut-être pour ça qu'on ne s'inquiète pas. L'augmentation de la température crée ce phénomène de blanchissement, c’est-à-dire la perte de la symbiose entre le corail, un animal, et les algues qui le nourrissent. Sans ces algues, ils disparaissent. La grande barrière de corail, la plus grand structure au monde, est en train de souffrir de ce blanchissement. 91% de ses récifs ont été touchés cette année par ce phénomène, c'est catastrophique.
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