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Infographie La pandémie de Covid-19 a fait reculer le "jour du dépassement" de près d'un mois

Article rédigé par franceinfo
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Le soleil se couche derrière un épais nuage de fumée en Amazonie, le 13 août 2020 au Brésil.  (FERNANDO SOUZA / AGIF / AFP)

Cette année, cette date symbolique, qui signifie que l'humanité a consommé autant de ressources que ce que la Terre peut générer en un an, est fixée au 22 août.

C'est l'une des rares nouvelles relativement réjouissantes de la crise du Covid-19. Si nous étions habitués à voir le "jour du dépassement" arriver de plus en plus tôt, la pandémie due au nouveau coronavirus a inversé la tendance. En 2020, l'humanité a épuisé autant de ressources naturelles que ce que la Terre peut produire en un an à la date du samedi 22 août – l'année dernière, le "jour du dépassement" était le 29 juillet. Reste que nous vivons à crédit à partir de cette date, selon le think tank Global Footprint Network, spécialisé dans les causes environnementales et dans le calcul de l'empreinte écologique. Avec notre mode de vie actuel, il nous faudrait 1,6 planète pour pouvoir nous nourrir, nous déplacer ou encore nous chauffer.

Moins d'émissions de CO2 mais plus de gaspillage alimentaire

Ce sont les mesures prises dans le monde pour lutter contre la propagation du Sars-CoV-2 qui ont fait reculer le "jour du dépassement" en 2020. Selon Global Footprint Network, "l'empreinte écologique mondiale" a ainsi été réduite de près de 10%. L'empreinte écologique, c'est ce qui "caractérise la surface de la Terre utilisée par l'homme pour pêcher, élever, cultiver, déboiser, construire et brûler des énergies fossiles", explique la WWF. En bref : plus on déforeste, on pêche ou on rejette du CO2 dans l'atmosphère, plus l'empreinte écologique sera grande. 

La crise du Covid-19 a bouleversé nos habitudes de vie à l'échelle mondiale. En France, par exemple, une étude de l'Epicx Lab (PDF) estime que la mobilité a été réduite de 65%. En avril, les rejets quotidiens de CO2 avaient donc baissé de 17% par rapport aux niveaux moyens de 2019, selon une étude (en anglais) publiée dans la revue NatureGlobal Footprint Network prévoit ainsi une réduction de l'empreinte carbone mondiale de 14,5%, par rapport à 2019. 

Autre baisse notable : celle de l'empreinte de la production forestière, qui a chuté de 8,4%. En effet, l'industrie forestière mondiale, en plus d'avoir réduit ses activités pendant les confinements mondiaux, a prévu un déclin de la demande en bois. Moins d'arbres ont donc été abattus. Cependant, le think tank note que l'empreinte liée à l'alimentation n'a pas changée. "La pandémie a considérablement perturbé le système alimentaire mondial, augmentant à la fois le gaspillage alimentaire et la malnutrition parmi les populations à faible revenu", explique-t-il. 

Une baisse sans effet sur le réchauffement climatique

Il faut néanmoins prendre ces chiffres avec des pincettes. La baisse des émissions de CO2 dans l'atmosphère observée n'aura aucun effet sur le réchauffement climatique. Et dans l'optique où les confinements et les restrictions de voyage continuaient jusqu'à la fin 2021, la température mondiale ne baisserait que de 0,01°C, d'après une autre étude publiée en août dans la revue Nature (en anglais). D'autant plus que "les dernières données provenant de Chine montrent que les émissions issues de l’industrie sont reparties à la hausse depuis la fin du confinement en mars, dépassant légèrement les niveaux de 2019", note le climatologue Philippe Ciais, interrogé par Le Monde.

En outre, l'étude soulève que seule une reprise de l'économie post-Covid tournée vers l'écologie et la réduction des énergies fossiles pourrait véritablement changer la donne. Un investissement supplémentaire de 1,2% du PIB mondial dans les technologies bas-carbone réduirait les émissions de CO2 de moitié d'ici 2030. Piers Forster, l'un des co-auteurs, insiste : "Sans un changement structurel, nous n'y arriverons pas." 

Global Footprint Network liste également quelques solutions pour réduire l'empreinte écologique mondiale et retarder le "jour du dépassement", comme privilégier les transports en commun, réduire sa consommation de viande de moitié ou encore replanter des millions d'hectares de forêt. 

Une date symbolique et un mode de calcul polémique

Le "jour du dépassement" est devenu une date symbolique, destinée avant tout à sensibiliser la population à la protection de l'environnement. La Terre a connu son premier "dépassement" le 29 décembre 1970, explique dans son communiqué de presse Global Footprint Network. Aujourd'hui, "Il faudrait à la planète 18 ans de régénération pour inverser les dommages causés par la surexploitation des ressources naturelles", ajoute le think tank.  

Pour parvenir à cette date, Global Footprint Network prend notamment en compte des milliers de données statistiques des Nations unies. Un mode de calcul qui fait débat à cause de son approximation. "Comment pouvez-vous coller ensemble des faits concernant, par exemple, les gaz à effet de serre, la destruction des forêts tropicales et le rendement du maïs, pour arriver à un seul chiffre ?" s'interrogeait en 2010 Leo Hickman, ancien chef du WWF au Royaume-Uni, dans une tribune publiée dans le Guardian (en anglais).

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