Le PDG de Total juge que le débat sur la crise climatique est "trop manichéen"
Le PDG a reconnu l'existence d'une "pression" sur les groupes pétroliers et gaziers, tout en la jugeant "très occidentale, voire très européenne".
Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a jugé mardi 14 janvier que le débat sur la crise climatique était "trop manichéen", au moment où le secteur des hydrocarbures est sous pression pour agir. Il a estimé que la solution "prendra du temps". "Le débat est aujourd'hui quand même beaucoup trop manichéen, trop faussé", a-t-il déclaré lors d'une conférence organisée par Euronext à Paris. "On pense qu'il y a un monde blanc et noir. Je comprends qu'il y a des jeunes qui ont envie qu'on agisse, mais c'est un sujet complexe", estime-t-il.
Le PDG était interrogé sur le cas du joueur de tennis Roger Federer, critiqué par des militants de la cause environnementale, dont Greta Thunberg, pour ses liens avec un sponsor - le Crédit Suisse - qui est accusé de favoriser les investissements dans les énergies fossiles. Patrick Pouyanné a reconnu l'existence d'une "pression" sur les groupes pétroliers et gaziers, tout en la jugeant "très occidentale, voire très européenne". "Les actionnaires... ce qu'ils veulent surtout s'assurer, c'est la durabilité de nos dividendes", a-t-il aussi jugé.
"Tout ça va prendre du temps"
"Les énergies fossiles représentent 90% du mix (bouquet) énergétique mondial aujourd'hui. On ne va pas faire disparaître tout ça d'un coup de baguette magique." "Tout ça va prendre du temps", a aussi fait valoir le PDG de Total.
Il faudrait que tout le monde retombe un peu sur Terre sur ce sujet énergétique. Je ne verrai pas de mon vivant un système énergétique à base uniquement de renouvelables, il faudrait quand même qu'on arrête de rêver tous collectivement.
Patrick Pouyanné, PDG de Totallors d'une conférence
"On est en train de réfléchir à voir si les prochaines émissions [obligataires] qu'on fera, on va les lier à un indicateur qui montrerait (...) comment nous contribuons par l'évolution de nos investissements à une trajectoire moins carbonée", a par ailleurs indiqué le responsable.
Total est un groupe français qui fait partie des "supermajors", c’est-à-dire les six plus grosses entreprises privées mondiales du secteur pétrolier et gazier, rappelle Le Monde (article payant). Ces entreprises figurent parmi les plus polluantes, par leurs activités d’extraction de pétrole, de gaz et de charbon, ainsi que par les produits issus de ces énergies fossiles et émetteurs de gaz à effet de serre (GES). Selon le rapport de l’ONG Carbon disclosure, Total figurait en 2017 à la 19e place des cent sociétés les plus polluantes, produisant 0,9% des émissions industrielles de GES.
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