Pic de chaleur : "Les vagues de chaleur se répètent, sont plus fréquentes et sont plus intenses", rappelle une climatologue
Alors que l'Hexagone devrait affronter cette semaine une nouvelle vague de chaleur, Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement, estime que la situation est cohérente avec les projections réalisées dans le cadre du changement climatique.
"Ces vagues de chaleur se répètent, sont plus fréquentes, sont plus intenses" et sont "cohérentes avec le changement climatique", observe mardi 14 juin sur franceinfo Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), alors que la France va affronter cette semaine une nouvelle vague de chaleur.
franceinfo : Ces épisodes de chaleurs extrêmes qui arrivent de plus en tôt, est-ce que ce sont des choses que l'on ne connaissait pas avant ?
Françoise Vimeux : C'est une situation qui est tout à fait cohérente avec les projections que l'on a dans le cadre du changement climatique. Des vagues de chaleur qui se répètent, qui sont plus fréquentes, qui sont aussi plus intenses comme en 2019 et ou en 2003, des canicules particulièrement intenses et qui peuvent être plus précoces. Ces vagues de chaleur peuvent arriver plus tôt, en fin de printemps - début d'été, ou aussi être plus tardive dans la saison estivale.
Le réchauffement climatique est-il l'explication à ce phénomène ?
À chaque fois qu'il y a une vague de chaleur ou une canicule, il y a des études d'attribution pour voir si cette vague de chaleur aurait pu arriver dans un climat non modifié par l'homme. C'était le cas par exemple pour la canicule de juillet 2019, on a montré qu'elle aurait été totalement improbable au début du XXᵉ siècle. C'est le cas aussi pour la vague de chaleur qui a touché le Pakistan et l'Inde en avril dernier. On a montré que sa probabilité a été multipliée par 30 par le réchauffement climatique. Et donc oui, c'est cohérent avec ce qu'on attend d'un climat plus chaud. L'inde et le Pakistan ont été frappés par un épisode caniculaire sans précédent en avril dernier.
Peut-on encore parler de climat tempéré pour la France compte tenu de la récurrence de ces phénomènes extrêmes ?
On aura toujours des saisons, des hivers, des automnes, des printemps et des étés. Mais la température moyenne de ces saisons va augmenter. Et oui, je pense qu'on peut toujours parler de climat tempéré. On n'est pas encore à un climat tropical. Par contre, bien sûr, en moyenne les températures vont être plus élevées et on va avoir à faire à des événements extrêmes, pas que des vagues de chaleur. La sécheresse va aussi s'inviter dans notre quotidien. Et puis il y a les pluies torrentielles, comme on a vu en 2020 dans la vallée de la Roya.
Quel est l'impact sur l'activité humaine, mais aussi sur la faune et la flore ?
Les écosystèmes sont touchés par ces fortes températures. Il y a peu d'études détaillées encore sur les différents écosystèmes, mais on comprend bien qu'ils sont impactés et il y a d'autres impacts. Il y a aussi notre bien-être au quotidien. Il y a des impacts sur l'agriculture lorsque ces vagues de chaleur sont couplées à des déficits de pluviométrie, à des sécheresses. Et puis, bien sûr, il peut y avoir des impacts évidents sur la vulnérabilité aux incendies. On a vu que le mois de mai était le mois de mai le plus chaud jamais enregistré depuis qu'on a des relevés météorologiques au début du XXème siècle. Ces vagues de chaleur concerne désormais tout le territoire hexagonal. Et quand on a une vague de chaleur, ce n'est plus anormal que l'ensemble du territoire soit touché puisque les températures augmentent partout en moyenne.
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