: Reportage "Les dégâts sont importants" : en Suisse, une série de golfs vandalisés par des militants écologistes
Une herbe d'un vert presque étincelant et des fontaines qui crachent de l'eau comme s'il en pleuvait. La canicule ne semble pas s'être abattue sur le golf de Neuchâtel, où le parcours a été dégradé, comme une demi-douzaine d'autres golfs en Suisses ces derniers mois. Les militants écologistes, dont certains ont revendiqué ces actions, considèrent cette pratique comme une "aberration" à l'heure de l'urgence climatique et de la sécheresse.
Christian vient au golf de Neufchâtel depuis toujours et il ne comprend pas pourquoi des activistes ont dégradé le parcours, en plantant des patates ou des topinambours sur le terrain. "Je pense qu'on se trompe de cible, regrette-t-il. On se débrouille pas mal avec l'eau. Nous, par exemple, on prend l'eau du lac, et au lieu de renvoyer l'eau au lac, on la prend pour arroser. Donc il n'y a pas de raison de faire la casse."
"Le golf a vraiment évolué"
Pierre-Alain Deveaux est le responsable du parcours de golf de Lausanne, lui aussi visé par des militants. "On a eu cinq ou six golfs touchés en Suisse romande. Les dégâts ont été importants. C'est plusieurs dizaines de milliers de francs. On aurait préféré discuter plutôt que de devoir subir ce genre de choses. Mais avec ce qu'il se passe au niveau climatique, on sait qu'un jour, ça pourrait éventuellement arriver."
Le golf de Lausanne se veut pourtant vertueux en la matière : moins de 3% des surfaces traitées avec des produits phytosanitaires, arrêt total des fongicides, création de zones biotopes. Rien à voir avec ce qu'il se faisait il y a encore 20 ans. "Le golf a vraiment évolué. Avant c'était 'On veut des golfs hyperverts, on ne veut pas une mauvaise herbe', ça, c'est un peu terminé."
"Même dans les grands tournois, le terrain est brun parce qu’on n'a pas pu arroser. Et vous avez des très grands professionnels qui jouent là-dessus et qui sont là quand même. Donc je pense qu'il y a une évolution du golf."
Pierre-Alain Deveaux, responsable du parcours de golf de Lausanneà franceinfo
Du greenwashing selon les écologistes
Le problème, c'est l'eau. Plusieurs clubs arrosent encore avec de l'eau potable. En une année, un parcours comme celui de Lausanne peut utiliser 30 000 mètres cubes d'eau. Le discours des clubs, c'est du greenwashing, estime Viviane, l'une des activistes du mouvement Grondement des terres qui a revendiqué l'action contre le golf de Lausanne. "C'est super, ils ont planté quatre buissons, cinq arbres, et maintenant ils disent que c'est un endroit incroyable pour la biodiversité. Ce n'est pas vrai. En fait, ce n'est pas une réserve naturelle. C'est hyperaudacieux de dire ça."
"On ne peut pas se permettre d'avoir des activités qui consomment des ressources à l'heure où elles vont être de plus en plus rares. C'est une aberration."
Vivianne, activiste écologisteà franceinfo
La solution pourrait passer par la réutilisation des eaux usées, solution encore très rare dans un pays où la tentation est grande de pomper l'eau des nombreux lacs disponibles.
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