"Je croise les doigts" : après le passage du cyclone Chido à Mayotte, ces familles sans nouvelles de leurs proches se tournent vers les réseaux sociaux
"Non, je n'ai pas réussi. Je tombe directement sur la messagerie... C'est horrible" : comme de nombreuses personnes depuis le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, Jessica, qui vit à plus de 8 000 km de là, dans les Côtes-d'Armor, n'a aucune nouvelle directe de sa sœur et de son mari, qui habitent à Acoua, au nord-ouest de l'île.
La situation reste très en effet difficile dans l'archipel de Mayotte. Le bilan provisoire atteint 22 morts et 1 373 blessés, selon des chiffres communiqués mardi 17 décembre par le ministère de l'Intérieur. Et quatre jours après, les habitants manquent encore de tout et certains n'ont toujours pas accès aux réseaux de communication.
"Grâce à ce groupe, il y a plusieurs personnes qui ont retrouvé leur famille"
Le cyclone a détruit 90% des pylônes et relais de communication privant la population de téléphone et d'internet. Ce qui rajoute encore à l'angoisse sur place et prive les autorités et la population d'information sur la situation notamment dans les zones reculées.
"Je ne sais pas s'ils sont blessés, s'ils ont des denrées, je n'en sais rien du tout...", confie Jessica à franceinfo. Faute de téléphone, elle s'est tournée vers l'application Discord, où les groupes d'entraide se comptent par dizaines. "À force de poster, j'ai une personne qui m'a répondu qu'il a eu des nouvelles par l'intermédiaire de je ne sais pas qui encore... Je ne sais pas si c'est une information sérieuse, mais je me fie à ça. Je croise les doigts pour que ce soit vrai, mais c'est tout", confie-t-elle.
Sur Facebook, une page a été créée également : "Cyclone Mayotte Chido 2024", qui compte plus de 1800 membres, qui publient annonces et photos pour entrer en contact avec des personnes sur place et qui résident près de leurs proches. Manon Chatelain, 21 ans, habitante du Loir-et-Cher, en a eu l'idée pour retrouver sa sœur, qui "va bien". Depuis, elle se démène pour tous les autres : "J'ai vu que ça avait vraiment pris de l'ampleur. Les personnes sont toutes solidaires. Grâce à ce groupe, il y a plusieurs personnes qui ont retrouvé leur famille", se félicite-t-elle.
La préfecture de Mayotte a également mis en place un numéro pour joindre la cellule d'information au public, à contacter "en dehors de toute urgence" : 09 70 80 90 40.
Inquiétude sur le sort des salariés
Côté télécommunications, les équipes travaillent d'arrache-pied. Depuis samedi, la situation s'est légèrement améliorée. "On est sur neuf sites fonctionnels et ça fait à peu près 37% de la population couverte, explique Yves Gauvin, directeur général de SFR pour Mayotte et la Réunion. C'est surtout parce qu'il y a beaucoup de monde sur Mamoudzou et Petite-Terre. Les premières antennes qu'on a rallumées sont sur cette zone."
Des pylônes ont pu ainsi être réalimentés en électricité avec des groupes électrogènes mais en dehors de la capitale de l'île et de ses environs le rétablissement des réseaux s'annonce beaucoup plus long et compliqué. "L'un des problèmes pour le Grand Sud est qu'on s'appuie sur l'un des plus hauts monts de Mayotte, qui s'appelle le Mont Combani, et sur lequel on est tous les opérateurs sur un pylône de TDF [opérateur d'infrastructures et de réseaux de communication] de 40 mètres qui a été rompu à 15 mètres. Donc ça va être compliqué d'aller chercher nos sites du Grand Sud qui sont reliés à travers ce pylône."
Les trois réseaux présents à Mayotte SFR, Orange et Free sont dans la même situation et coopèrent entre eux. Aux difficultés de toutes sortes s'ajoute l'inquiétude sur le sort des salariés. SFR, qui compte 48 employés sur l'archipel, est sans nouvelles de dix d'entre eux depuis samedi.
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