Cyclone Chido à Mayotte : trois questions sur les difficultés à établir le bilan humain de la catastrophe
Emmanuel Macron a quitté Mayotte vendredi à la mi-journée, après deux jours de visite sur l'archipel dévasté par le cyclone Chido. Le bilan officiel, toujours provisoire, est désormais de 35 morts et près de 2 500 blessés, dont certains grièvement.
Pourquoi cela prend-il tant de temps ?
Six jours après la catastrophe, il est trop tôt pour avoir un chiffre des personnes décédées après le passage de Chido, car les immenses bidonvilles constitués d’habitats en tôle, soufflés par la tempête, n’ont pas tous été fouillés. Il reste de vastes zones dans lesquelles les secours ne sont pas encore entrés. "Pour l’instant, on n’est pas encore monté dans les quartiers informels pour des raisons d’urgence sur les choses vitales", a reconnu jeudi 19 décembre le préfet de l’archipel, François-Xavier Bieuville, en marge d’un échange informel entre Emmanuel Macron et des élus locaux.
Les "choses vitales" dont parle le préfet et qui sont donc prioritaires sur le comptage des morts, c’est la distribution d’eau, d’électricité et de vivres, parfois par largages d’hélicoptères. C’est aussi le fait de devoir d’abord soigner les blessés.
Pourquoi le nombre des victimes risque-t-il d'être très élevé ?
Le chiffre de 60 000 décès, relayé sur les réseaux sociaux par un média local qui s’est ensuite rétracté, est une rumeur qui ne s’appuie sur aucun chiffrage officiel. Mais le bilan publié par les autorités est évidemment très partiel. Il ne s’agit là que des personnes identifiées et on redoute un nombre de victimes beaucoup plus lourd.
Notamment parce que, comme le confirme un communiqué du ministère de l’Intérieur, l’habitat précaire est entièrement détruit. Or selon les estimations, quelque 100 000 personnes, soit un tiers de la population de Mayotte, vivaient dans des habitats délabrés. On sait aussi qu'au plus fort de la tempête seulement 10 000 personnes, une sur dix, a trouvé refuge dans les centres d’hébergement.
Des sources locales estiment que certains habitants ont pu se réfugier chez des connaissances, le relief de collines a pu offrir des abris, mais les images de tôles effondrées comme de simples châteaux de cartes, les coulées de boue dont on voit les stigmates laissent imaginer le pire. La tradition musulmane qui impose une inhumation rapide va par ailleurs compliquer cette macabre comptabilité.
Quel espoir pour les personnes disparues ?
Les personnes manquantes, dont on n'a aucune nouvelle, sont très nombreuses. La Croix-Rouge locale, par exemple, disait il y a deux jours être sans nouvelles de 200 de ses bénévoles, ce qui pouvait laisser penser qu’ils sont morts. Mais internet et le téléphone ne fonctionnent pas partout. À l’heure actuelle, "disparues" ne signifie pas que ces personnes sont décédées.
Une brigade a été spécialement diligentée pour faire le tour des communes. Des maraudes, notamment, un recensement commune par commune pour savoir qui et où chercher. Les gendarmes tentent d'entrer en lien avec les autorités religieuses, musulmanes notamment, qui elles sont en contact avec les populations irrégulières. Et puis il y aura également un travail de prospection à faire pour se rendre au cœur de Mayotte, dans des zones rurales, plus isolées.
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