Cet article date de plus de sept ans.

Ouragan Irma : la mission difficile des gendarmes de la brigade nautique, à la recherche des disparus

À Saint-Martin, une brigade nautique de gendarmes est chargée de rechercher d'éventuels disparus après le passage d'Irma. Elle explore les épaves de bateaux, sans qu'un bilan précis soit possible à établir.   

Article rédigé par Matthieu Mondoloni, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Depuis une semaine, une brigade nautique de gendarmerie explore les abords de l'île de Saint-Martin, ravagée par l'ouragan Irma. (RADIO FRANCE / MATTHIEU MONDOLONI)

À Saint-Martin, ravagée par le passage de l'ouragan Irma dont le dernier bilan provisoire fait état de 11 morts, l’histoire des disparus commence dans le lagon où s’entassent par centaines des épaves de bateau, dont on ne distingue parfois qu’un bout de mât qui sort à peine de l’eau. 

Des centaines d'épaves de bateaux sont à fouiller autour de l'île de Saint-Martin, certaines sont totalement immergées. (RADIO FRANCE / MATTHIEU MONDOLONI)

Sur une petite navette maritime, six gendarmes de la brigade nautique s’équipent avec des bouteilles de plongée.

Depuis une semaine, les hommes de la brigade nautique ont exploré 25% des abords de l'île de Saint-Martin. (RADIO FRANCE / MATTHIEU MONDOLONI)

Les gendarmes-plongeurs travaillent notamment à partir de renseignements, signalant par exemple la présence d’un bateau de 15 mètres dans ce secteur, avant le passage de l’ouragan. La mission d'exploration est indispensable autant que difficile, explique l’adjudant Michon.

On va aller au niveau du quai où les bateaux sont retournés pour aller voir si d’autres bateaux sont immergés et rechercher de probables corps qui pourraient être coincés à l’intérieur.

Adjudant Michon, membre de l'équipe nautique des gendarmes

à franceinfo

L’adjudant Laurent reste à bord pour veiller à la sécurité de son équipe. Ses hommes sont arrivés voici une semaine. Depuis, ils cherchent des personnes dont on est sans nouvelles depuis les ravages d’Irma.

L'adjudant Laurent, à la recherche de témoignages sur des personnes signalées disparues. (RADIO FRANCE / MATTHIEU MONDOLONI)

Les gendarmes savent que les conditions météorologiques extrêmes ont conduit à des situations dangereuses. "Comme les communications étaient coupées, des gens sont sortis pendant l’œil du cyclone, pensant que c’était fini", explique l'adjudant Laurent. Des personnes ont pu être surprises par la reprise des vents. 

Ce sont ces victimes qu’on essaye de retrouver. Ce travail va nous prendre du temps, mais il est nécessaire parce qu’un corps coincé sous un débris ne remontera pas. Il faut aller le chercher.

Adjudant Laurent, en mission à Saint-Martin

à franceinfo

Il est impossible à ce jour d'établir un bilan des personnes disparues. Lundi 18 septembre, la brigade nautique précise n'avoir découvert aucun corps dans l'eau.

Les gendarmes découvrent des effets personnels dans des épaves de bateaux au large de Saint-Martin (RADIO FRANCE / MATTHIEU MONDOLONI)
En une semaine, l'équipe a repéré et fouillé 80 épaves, sur un quart des abords de l'île. Le travail est énorme. Il prendra trois à quatre semaines. 

Sandy Ground, un quartier dévasté et des habitants sidérés

En face du bateau des gendarmes qui poursuit sa mission, une langue de terre de 100 mètres de large à peine apparaît, coincée entre le lagon et l’océan. C’est Sandy Ground, un quartier populaire de l’île dévasté par un vague de plusieurs mètres de haut, amenant dans les rues plusieurs tonnes de sable. André y a grandi. "Le quartier porte bien son nom", dit-il, en désignant les voies ensablées. 

C’est l’un des quartiers où les maisons n’étaient pas vraiment construites en dur. Elles étaient plutôt en bois, en tôles. Ce lieu a pris un bon coup, par rapport aux autres endroits de l’île. La lagune et la mer n'ont fait qu’un avec le cyclone.

André, un habitant du quartier de Sandy Ground

à franceinfo

André, un habitant du quartier de Sandy Ground, à Saint-Martin, témoigne de la violence inouïe d'Irma. (RADIO FRANCE / MATTHIEU MONDOLONI)

Les signalements portant sur des personnes disparues sont à prendre avec précaution. Certains habitants font partie des personnes recherchées, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont décédés. Des sinistrés sont en état de sidération, comme cet habitant, Rasmilitaire, qui affirme que tout le monde le prétend mort. Assis devant les ruines de sa maison, il n’a pas bougé depuis le passage d’Irma. "Je me suis retrouvé dans le fond, dit-il, heureusement que je savais nager".

Ça me terrorise. Dès que j’entends l’eau de la mer monter, j’ai peur. Je crois que l’eau va venir me chercher.

Rasmilitaire, un sinistré de Sandy Ground

à franceinfo

Lui a survécu, mais ce n’est pas le cas de sa voisine, 65 ans, Judy Richardson, emportée par la mer déchaînée. Cette mer dont sa sœur, Bernadette dit qu’elle l’a trompée, trahie, la nuit où l’ouragan a frappé. "La mer est montée, montée avec beaucoup de bruit. Quand je suis sortie, j’ai vu que tout était détruit", témoigne Bernadette.

Bernadette Richardson a perdu sa soeur lors du passage de l'ouragan sur Saint-Martin. (RADIO FRANCE / MATTHIEU MONDOLONI)

On a vu que la maison de ma sœur était descendue. Mon beau-frère l’a cherchée. Il est très traumatisé, comme les enfants et les petits-enfants.

Bernadette Richardson, sur le décès de sa sœur

à franceinfo

Le corps de Judy Richardson a été retrouvé. Elle n’est plus une disparue de Saint-Martin, mais une victime d’Irma.  

À la recherche des disparus de Saint-Martin : la difficile mission des gendarmes de la brigade nautique - un reportage de Matthieu Mondoloni
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