Ouragan Maria : "Un phénomène d'une telle ampleur ne s'est pas produit près de la Guadeloupe et de la Martinique depuis une dizaine d'années"
Une dizaine de jours après le passage d'Irma, la Guadeloupe et la Martinique s'apprêtent à affronter Maria. Pourquoi autant d'ouragans touchent-ils la région en si peu de temps ? Est-ce exceptionnel ? Franceinfo a interrogé Olivier Proust, de Météo France.
"Nous aurons des difficultés importantes", a prévenu le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, en prévision du passage de l'ouragan Maria sur la Guadeloupe et la Martinique, lundi 18 septembre. Classé en catégorie 3 sur une échelle de 5 en début d'après-midi (heure de Paris), cet "ouragan majeur" devrait passer près de la Martinique et de la Guadeloupe dans la nuit de lundi à mardi, précise Météo France. Les îles ont été respectivement placées en alertes cycloniques violette, le plus haut niveau, et rouge.
Dix jours après le passage dévastateur d'Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, comment qualifier l'ouragan Maria ? Pourquoi autant d'ouragans touchent-ils la région ? Est-ce exceptionnel ? Franceinfo a interrogé Olivier Proust, prévisionniste à Météo France.
Franceinfo : L'ouragan Maria est-il un phénomène "ordinaire" pour la saison ?
Un ouragan tel que Maria est plus intense que la majeure partie des phénomènes qui se produisent tous les ans dans l'arc antillais en saison cyclonique, mais ce n'est pas non plus un ouragan qui pourrait figurer au "top 3" des ouragans les plus intenses pour cette région. Surtout, Maria ne sera pas aussi puissant qu'Irma. Mais il devrait être caractérisé par des vents violents pouvant atteindre 150 à 200 km/h et par des averses atteignant 200 à 400 mm en 24 heures en Guadeloupe.
Un ouragan de cette ampleur [catégorie 3] est rare dans le sens où il n'y en a pas eu près de la Guadeloupe et de la Martinique depuis une dizaine d'années. Mais il n'est pas extraordinaire. Il faut remonter à 1989 avec l'ouragan Hugo [qui avait fait une dizaine de morts et près de 35 000 sinistrés] pour trouver des effets aussi dévastateurs qu'Irma sur la Guadeloupe.
Irma, José, Maria... Comment expliquer cette succession d'ouragans dans la région ?
Au total, Maria est le septième ouragan de la saison dans le bassin de l’Atlantique.
Il n'y a pas de corrélation entre les phénomènes en soi. C'est malheureusement le hasard qui fait aborder un cyclone sur telle ou telle terre.
Olivier Proust, prévisionnisteà franceinfo
En revanche, en raison d'eaux anormalement chaudes et de conditions atmosphériques propices à l'intensification des cyclones, la saison est très active dans la région. De plus, des conditions anticycloniques persistantes situées plus au Nord dans l'Atlantique agissent comme une barrière et empêchent les cyclones d'évoluer vers le nord. Par conséquent, les trajectoires des phénomènes qui naissent dans l'Atlantique tropical restent au sud. Et ils finissent par menacer l'arc antillais.
A quoi doivent s'attendre les Guadeloupéens et Martiniquais ?
Actuellement, on a des bandes d’averses orageuses plus ou moins intenses qui gagnent la Guadeloupe et ressemblent à de grosses spirales. Le temps n'est pas encore dantesque, mais la mer est en train de se gâter, elle devient de plus en plus agitée. Le vent va devenir de plus en plus violent au fil des heures.
L'intensité de Maria va dépendre de la trajectoire de l’œil autour des îles. Plus l'on se situe près de l'œil, plus les conditions seront dégradées : au niveau de la mer, il faut s'attendre à une houle énorme, une mer démontée, des vagues très hautes, une surcote de la mer pouvant atteindre trois à quatre mètres. Pendant vingt-quatre heures, les conditions météorologiques vont être fortement dégradées avec un paroxysme pendant plusieurs heures dans la nuit, puis l'ouragan va continuer sa route dans la mer des Caraïbes en se renforçant et va finir par menacer Porto Rico.
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