"Il y a toujours de la peur et de l'angoisse" : les habitants des Antilles se préparent à l'arrivée de l'ouragan Maria
Avec des vents soufflants jusqu'à 195 km/h, l'ouragan Maria menace les deux grandes îles françaises des Antilles, la Guadeloupe et la Martinique. Avant leur arrivée, franceinfo a contacté des habitants.
Comparé au passage dévastateur d'Irma sur les îles voisines de Saint-Martin et Saint-Barthélemy il y a une dizaine de jours, les habitants de Guadeloupe et de Martinique s'attendent à être relativement "chanceux" à l'approche de l'ouragan Maria. Face à l'arrivée imminente du cyclone sur les Antilles, dans la nuit de lundi 18 à mardi 19 septembre, la Martinique est passée en alerte violette cyclonique (le plus haut niveau d'alerte) et la Guadeloupe en vigilance rouge.
Avec des vents soufflant jusqu'à 195 km/h, l'ouragan Maria s'est rapidement renforcé dans la journée et s'approche maintenant des îles. Franceinfo a contacté des habitants de Guadeloupe et Martinique pour savoir comment ils se préparent.
"On ne sait pas à quoi s'attendre exactement"
"Nous sommes habitués à ces phénomènes naturels, mais on se prépare sérieusement et on reste sur nos gardes, explique Cédric Locatin, étudiant de 22 ans et habitant de Baie-Mahault, deuxième ville la plus peuplée de Guadeloupe. On suit les mesures de sécurité, on protège nos habitations, on écoute la radio pour s'informer sur la progression de l'ouragan."
Depuis la fenêtre de sa maison, Cédric Locatin décrit un temps "humide, nuageux et très pluvieux", mais craint que la situation se gâte dans les prochaines heures. "On ne sait jamais à quoi s'attendre exactement, donc on se prépare toujours au pire. Il y a quand même un peu de peur et d'angoisse..." reconnaît-il.
A une centaine de kilomètres au sud, à Schoelcher en Martinique, Rudy Mouniapin est dans un tout autre état d'esprit, même "un peu blasé". Si l'île est en vigilance violette, ce responsable d'entreprise de 28 ans se dit juste "dans l'attente".
Je me prépare à une journée tranquille, je suis serein et j'attends que ça se passe.
Rudy Mouniapin, Martiniquaisà franceinfo
La pluie et les bourrasques de vent devraient arriver à partir de midi (heure locale) sur l'île, mais Schoelcher est pour le moment toujours alimentée en eau et en électricité. "La plupart des habitants avaient déjà tout anticipé et ont suffisamment de provisions chez eux. On fait toujours des réserves lors de la saison des cyclones", affirme Rudy.
"C'est ma première gestion d'un ouragan"
Si les natifs de Guadeloupe et de Martinique attendent Maria avec plus ou moins de tranquillité, les nouveaux arrivants sont, eux, plus "stressés". "Je suis arrivé il y a un mois à Port-Louis (Guadeloupe) et c'est ma première gestion d'un ouragan, témoigne Jacques Houpert, proviseur du lycée polyvalent Nord Grande Terre. Avant d'arriver, ma prédécesseure m'avait envoyé les différents niveaux d'alerte mais là, je les vis en direct ! C'est mon petit bizutage..."
Informé dès dimanche matin de la fermeture de son établissement, Jacques Houpert a ramassé avec son équipe "tout ce qui peut traîner, poubelles qui peuvent voler avec le vent et branches d'arbres" et a mis en sécurité le système électrique. "Le bâtiment a été construit en 2009 avec les dernières normes anti-cycloniques, donc je ne suis pas trop inquiet, poursuit Jacques Houpert. Il y a deux étages partout en cas de submersion. Le gymnase a même été réquisitionné par la mairie pour abriter des habitants en cas d'évacuation."
Ne pas oublier les avocats et les noix de coco
Stéphanie Jacob, médecin à l'hôpital de Basse-Terre depuis un an, s'active elle aussi : "On a mis du contreplaqué à nos fenêtres qui n’avaient pas de volets, on a fait un stock d’eau, de conserves, on a acheté des serpillières, des lampes, des bougies, débranché la box internet et le décodeur de la télé." En plus de la télévision et de la radio, la soignante s'informe sur les réseaux sociaux, ce qui lui a permis de prendre quelques mesures pratiques comme "ramasser les avocats et faire tomber les noix de coco."
C'est la saison des avocats donc on essaye de tous les ramasser pour ne pas les perdre. Idem pour les noix de coco, on les fait tomber pour éviter qu'elles ne deviennent des bombes avec le vent !
Stéphanie Jacob, habitante de la Guadeloupeà franceinfo
A l'hôpital, toutes les consultations programmées ont été annulées pour permettre aux soignants d'être disponibles pour les urgences, "mais en cas de confinement, plus personne ne pourra sortir. Si quelqu'un a une crise cardiaque cette nuit, personne ne pourra le secourir". L'ouragan ne devrait pas causer de trouble sanitaire particulier, "sauf si le confinement perdure et que l'eau potable vient à manquer", précise la médecin.
Renfort de la protection civile et du Raid
En Martinique, la préfecture a précisé que "l'activité économique devait être stoppée", les transports en commun "interrompus" et les grands rassemblements "annulés". Elle avait déjà décidé la fermeture de tous les établissements d'enseignement (dont l'université) et des crèches dès dimanche.
Les deux îles semblent avoir retenu les leçons du passage de l'ouragan Irma. "On a pris des mesures de prévention en conséquence, explique Isabelle Tomatis, responsable de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) en Guadeloupe. Les agents en congés ont tous été rappelés et seront mobilisés jusqu'à nouvel ordre. On a aussi fait notre stock d'eau et de nourriture grâce au rationnement de l'armée."
Accusé d'avoir tardé à envoyer des secours et des renforts policiers après le passage d'Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, le gouvernement a envoyé 110 militaires de la protection civile en Guadeloupe et a "mobilisé une centaine de policiers sur le terrain 24 h/24", précise Isabelle Tomasi. En plus du Groupe d'intervention de la police nationale (GIPN), des agents du Raid sont aussi venus en renfort sur l'île.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.