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Reportage "Comme si un barrage avait pété" : les habitants de Peyrehorade, dans le sud des Landes, ont de nouveau fait face aux inondations

Plus d'une centaine d'habitants ont dû quitter leur demeure dans la précipitation vendredi soir en raison de la montée des eaux. Un scénario qui se reproduit chaque année ou presque à la même période.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les Gaves réunis à Peyrhorade (Landes), samedi 11 décembre au matin. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Plus d’une centaine d’habitations de Peyrehorade, dans le sud des Landes, étaient vides samedi 11 décembre au matin : les habitants ont dû évacuer dans la précipitation en raison de la vigilance rouge inondations et crues lancée vendredi soir par Météo France.

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La plupart des habitants de Peyrehorade sont allés chez des proches. Ramuntcho s’est de son côté réfugié avec ses quatre enfants dans une salle communale pour la nuit. "De toute manière avec l’eau, on ne peut rien faire, lance-t-il fataliste. Le feu, on peut faire quelque chose mais l’eau, c’est le pire. Quand ça arrive, ça arrive d’un coup. Là, ça fait deux années de suite." 

L'accès au quai du Roc à Peyrhorade, samedi 11 décembre. Les Gaves réunis, le cours d'eau formé par la réunion du Gave de Pau et du Gave d'Oloron, est en crue. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Ramuntcho et sa famille ont vu l’eau des Gaves réunis monter juste devant chez lui au fil des heures, vendredi, comme il y a deux ans. "C’est comme si un barrage avait pété. Je voyais les troncs d’arbres passer dans le gave à 20 km/h, décrit sa fille Kelly, 18 ans. C’est impressionnant. L’eau arrive, on se fait emporter, on ne nous voit plus ! C’est fini ! J’étais à côté, j’avais peur, quand même. Je n’ai jamais vu ça." Cette famille fait partie de la petite dizaine accueillies dans la nuit par la Croix Rouge, dont une cadre décrit la mission : "Apporter du réconfort, du soutien, surtout de la chaleur, les mettre en sécurité et les rassurer. On s’adapte heure par heure, minute par minute. S’ils ont besoin, on est là."

C'est la partie sud de Peyrehorade qui est la plus touchée. Dans certaines rues, l'eau monte jusqu'aux cuisses. Des habitants sont bloqués chez eux, avec comme un lac devant leur porte. Les pompiers interviennent pour apporter un repas, s'assurer que l'électricité n'a pas été coupée. Pas question pour Marie, 91 ans, d'être évacuée. L'eau n'est pas rentrée chez elle mais menace de plus en plus. "Je voyais le moment où l'eau allait arriver ici.  Elle n'est jamais venue, elle reste au portail, là... Maintenant, c'est la fin qui est dure, il faut nettoyer cette vase. C'est lourd, hein." Nicolas, pompier, fait le tour du quartier en tenue de plongée. "On fait des reconnaissances, il y a des maisons où on n'a pas pu faire l'état des lieux. On regarde s'il y a quelqu'un dedans ou pas, des personnes coupées de tout contact parce que c'est leur mode de vie. Il faut aller vérifier qu''ils n'aient pas besoin d'aide."

Habitations sur la route des Pyrénées, sur la rive sud de Peyrhorade, samedi 11 décembre. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

A quelques mètres dans une rue perpendiculaire, Mickaël, restaurateur, racle l'eau sous sa véranda où mangent d'habitude les clients de son restaurant pizzéria. Pour lui, c'est un week-end de "grosses pertes". "Avec l'électricité coupée, on perd toutes les matières premières, le stock de fromage, le jambon, les entrecôtes... Tout ce qui a passé la nuit dans le frigo éteint. Tout ça, c'est poubelle. On ne va pas pouvoir accueillir les clients, il faut tout désinfecter, tout nettoyer... Donc on verra."

La vigilance rouge a été levée samedi matin dans les Landes. La décrue s’est amorcée, le pic de la crue a été atteint à minuit avec 5,52 m d’eau pour les Gaves réunis. Mais cette décrue n'est pas aussi rapide que l'aurait souhaité Didier Sakellarides, le maire de Peyrehorade. "L'évolution est surprenante, parce que d'habitude, nous avons un gave qui monte très rapidement et qui descend rapidement. Et là, nous avons un gave qui ne descend pas du tout. On a perdu 6 à 8 cm en presque douze heures. Pour nos habitants qui ont l'habitude d'arriver rapidement après la décrue, il va falloir qu'ils attendent. Est-ce que ce sera aujourd'hui, est-ce que ce sera demain, peut-être même lundi ? Je suis incapable de le dire."

En attendant, la Croix Rouge continue d'accueillir dans deux salles communales les sinistrés qui n'ont pu rentrer chez eux. Les habitants de Peyrehorade vont devoir constater les dégâts et nettoyer. Une épreuve qu’ils connaissent bien puisqu’ils la subissent quasiment chaque année à la même période. Comme Nathalie qui s’est installée dans un nouvel appartement et s’était préparée en "jouant au Tetris" : en mettant tout ce qu’elle pouvait en hauteur, "tout ce qui craint". "On fait comme on peut", expliquait-elle considérant déjà avec regret son canapé. 

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