Inondations dans l'Aude : "Le regard des gens était hagard, ils étaient perdus", raconte une infirmière de Trèbes
Sandra Rossi, infirmière et pompier, habite Trèbes, une commune très durement touchée par les inondations. Depuis lundi, elle a enchaîné les opérations de secours, et s'est confié ce mardi matin sur franceinfo.
"Dans ces moments-là, on est impuissants, mais la solidarité a joué", a reconnu mardi 16 octobre sur franceinfo, Sandra Rossi, une habitante de Trèbes, infirmière et pompier, après les inondations qui ont fait lundi 11 morts et trois disparus dans le département de l'Aude. "C'est une situation" qui nous rappelle ce qu'on a "vécu le 23 mars lors de l'attentat au supermarché de Trèbes", a-t-elle poursuivi.
franceinfo : Vous qui avez participé aux secours, comment vous portez-vous ?
Sandra Rossi : Ça va très bien, on est habitués à ce genre de crise. J'ai pu prendre quelques heures de repos et le travail va reprendre dans le cours de la journée. Lundi, j'ai participé à de nombreuses missions, j'avais déjà vécu les inondations de 1999 donc je savais un peu ce qui m'attendait. Dans ces moments-là, on fait tout. J'ai appelé mon médecin personnel pour qu'il vienne faire des points de suture. J'ai fait ouvrir une pharmacie pour qu'on ait du matériel. J'ai changé une mamie qui était souillée. Les sapeurs-pompiers sont là et sont habitués à faire toutes les missions possibles et inimaginables pour aider la population.
Comment avez-vous trouvé les gens que vous avez secourus ?
Malheureusement je n'ai pas pu discuter très longtemps avec eux. J'ai rencontré des gens qui avaient perdu des proches. Dans ces moments-là on est impuissants, mais la solidarité a joué. Ils ont parfois été pris en charge par des inconnus qui les ont rassurés et réconfortés. J'ai rencontré des gens qui s'inquiétaient pour leurs biens, leurs animaux. Il y a eu des sauvetages de chevaux notamment. Le regard des gens que j'ai vus était hagard, ils étaient perdus. C'est une situation qu'on retrouve dans ces moments de catastrophe, comme on l'a vécu le 23 mars lors de l'attentat au supermarché de Trèbes.
Ce que vous avez vécu lundi, cela vous a marqué et rappelé d'autres moments difficiles ?
Oui, cela m'a rappelé le 23 mars, puisque j'ai participé à la réanimation du colonel Beltrame. Je vis à Trèbes depuis deux ans. C'est compliqué à vivre mais la solidarité ici est impressionnante. L'après-catastrophe est assez compliqué et même pour les sapeurs-pompiers qui ont été touchés dans leur chair et dans leurs biens. Mon travail sera de les contacter pour les aider. J'ai vécu les inondations de 1999 mais cela a dépassé tout ce qu'on pouvait imaginer. Je tiens à remercier les 200 sapeurs-pompiers mobilisés dans la première heure de ces inondations. Je voudrais remercier les secours extra-départementaux qui sont venus nous renforcer.
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