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"Même mon patron est venu nous aider" : à Biot, un élan de solidarité après les intempéries meurtrières

Après les pluies diluviennes du week-end, des bénévoles sont venus des quatre coins des Alpes-Maritimes pour aider les sinistrés. Francetv info a constaté l'entraide sur place, lundi 5 octobre.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des bénévoles s'apprêtent à nettoyer des logements sinistrés à Biot (Alpes-Maritimes), le 5 octobre 2015. (FRANCK FERNANDES / MAXPPP)

Isabelle lâche son balai. Elle retrousse ses manches. "On ne peut pas laisser les gens comme cela. Je ne travaille pas, donc je ne peux pas faire autrement que venir les aider." Dimanche 4 octobre, elle regardait le journal télévisé du soir. Les images défilaient. Elle a vu les rues de Biot (Alpes-Maritimes) dans un état apocalyptique. Les intempéries meurtrières survenues la veille ont ravagé les quartiers du bas de cette bourgade. Trois pensionnaires d'une maison de retraite sont morts.

Soudain, l'oreille d'Isabelle s'est dressée. Un rendez-vous était fixé lundi matin à 9 heures pour une grande opération de nettoyage. Isabelle vit à Magagnosc, à 17 km de là. Mais elle n'a pas hésité pas une seconde. "Je me suis dit : 'Je dois les aider'."

"Isabelle mérite une couronne de lauriers !"

Lundi matin, Isabelle gare sa voiture dans le vieux village, situé en hauteur. Puis elle descend dans un quartier sinistré. Elle s'arrête à la première maison. Ses occupants ont besoin d'aide. Elle chausse une paire de bottes vert fluo, s'arme de gants orange et se met au travail.

La maison est encore engluée dans la boue. La Brague a débordé de son lit samedi soir en raison des pluies diluviennes. La baie vitrée a cédé. L'eau est entrée par le volet roulant.

"Isabelle mérite une couronne de lauriers !" s'exclame Emmanuelle, venue elle aussi prêter main forte. Son fils est au collège ce matin, mais il viendra l'aider ensuite. Les écoles primaires, elles, sont fermées, au moins pour la journée. Emmanuelle a donc amené la fille de sa voisine. Comme tous les autres, elle passe le balai ou sort les affaires de la maison pour les faire sécher au soleil et les nettoyer ensuite. "Aider, c'est fondamental", glisse une autre bénévole qui s'active à côté d'elles.

"Même mon patron est venu nous aider"

"Il y a des curieux qui viennent, mais surtout beaucoup de gens qui aident, constate Annick, qui habite un peu plus loin avec son mari. Même mon patron est venu nous aider." Elle travaille dans une PME et ne sait pas quand elle pourra reprendre son activité professionnelle. "Mon patron est venu hier. Il a vu l'étendue des dégâts, ajoute-t-elle, désespérée. Tout est à détruire et à reconstruire." 

Annick a emménagé dans cette maison familiale en 2013. "Mon grand-père l'a construite il y a plus de cinquante ans. On a fait des travaux pour surélever un peu le rez-de-chaussée. Même s'il y avait eu une alerte rouge, j'aurais pensé à une inondation de 40 cm, un mètre grand maximum. Pas 1m70. Mes parents habitent derrière. Ils nous ont rejoints à la nage, on s'est tous réfugiés au premier étage. C'est irréel", explique-t-elle. Elle est encore secouée par ce qui s'est passé, mais compte sur l'aide de ses proches pour aller mieux.

"Finalement, je vais peut-être rester toute la semaine"

Ces gestes de solidarité sont aussi prodigués par des professionnels. Jean-Marie est électricien à Nice. Il fait le tour des maisons avec son associé, "pour aider les personnes dans le besoin à rétablir les installations électriques". Les services des deux hommes sont gratuits. Mais lundi matin, 70% des maisons du quartier n'ont toujours pas d'électricité. "Et les installations ont beaucoup souffert, soupire Jean-Marie, pessimiste. J'avais prévu de venir une journée. Finalement, je vais peut-être rester toute la semaine."

D'autres bénévoles se succèdent à la mairie de Biot. Le lieu est transformé en cellule de crise. Un couvreur originaire de Grasse se présente. On l'invite à remplir une fiche. "Ensuite, on les dispatche", explique l'adjointe à la vie scolaire, Claudette Brosset. "On a un grand élan de solidarité", se réjouit-elle. Isabelle est assise en face. C'est sur Facebook qu'elle a repéré les appels à l'aide. Le réseau social joue un rôle important pour organiser "l'après-intempéries".

"On est venues pour donner un peu de chaleur"

Dominique aussi s'est décidée après avoir consulté Facebook. Elle vient de Vence, à une vingtaine de kilomètres. C'est l'heure de la pause déjeuner. Le moment pour elle de s'activer. Des dizaines de bénévoles sont alignés comme elle. Ils sont debout face à une longue table pleine de victuailles installée devant une salle. Des boulangers ont donné des baguettes de pain. Dominique prépare des sandwichs et en profite pour faire connaissance avec d'autres bénévoles.

Une bénévole entame un gros camembert. Soudain, elle lève la tête et s'écrie : "Si vous connaissez des personnes coincées chez elles, dites-leur qu'un repas chaud sera servi à 18h30." Puis elle se concentre à nouveau sur le fromage. Elle en coupe des parts généreuses et les distribue autour d'elle.

En face d'elle, Liliane, une habitante de Biot, a préféré aller faire des courses plutôt que donner un chèque. A ses côtés, Monica, se démène. "On est venues pour donner un peu de chaleur", commente-t-elle. Des membres de la Croix-Rouge les aident. Les sinistrés, assis sur des marches devant la salle, croquent dans un sandwich. Ils reprennent des forces, conscients que le nettoyage et le déblayage qui les attendent est encore long.

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