Lot-et-Garonne en alerte rouge : pas "d'accidents graves ou de décès", la décrue de la Garonne "est amorcée", indique la préfecture
La crue de la Garonne a été qualifiée de "plus importante depuis 40 ans dans le département" par les météorologistes qui prévoient que le phénomène va durer encore quelques jours.
Jean-Philippe Dargent, directeur de cabinet du préfet de Lot-et-Garonne, a confirmé jeudi 3 février sur franceinfo que le décrue de la Garonne "est amorcée" alors que le département reste placé en vigilance rouge pour des risques importants de crues de la Garonne dans le secteur de Marmande. "La décrue est entamée depuis quelques heures à peine. Le pic de crue a été atteint aux alentours de minuit, à 10 mètres 20, et la décrue s’est amorcée, mais sur un rythme qui sera relativement lent", a-t-il indiqué.
"On est dans une crue qui est la plus importante depuis 40 ans" dans le Lot-et-Garonne, a commenté de son côté Alix Roumagnac, président de la société Predict, filiale "risques" de Météo France.
"Depuis cette nuit, on est au pic de la crue avec des hauteurs de plus de 10 mètres, avec un peu plus de 6 000 mètres cubes par seconde."
Alix Roumagnac, président de la société Predict, filiale "risques" de Météo Franceà franceinfo
Les communes les plus touchées sont Marmande, Tonneins et Port-Sainte-Marie. La Garonne et les différents cours d'eau sont sortis de leur lit et ont immergé des terres, des villages et des habitations : "Il est trop tôt pour faire le bilan complet des dégâts. Mais à ce stade, nous n'avons que des dégâts à caractère matériel. Nous n'avons pas à regretter d'accidents graves ou de décès", a annoncé Jean-Philippe Dargent.
Des routes toujours coupées
Á Port-Sainte-Marie une digue fragilisée est sous surveillance : "Effectivement, ce sont des fragilités qui sont liées à l'intervention d'animaux nuisibles qui font leur terriers et donc, lors de crues, cela peut effectivement fragiliser ce type d'installations. Elles sont donc sous surveillance. Il n'y a pas eu de rupture constatée à cette heure et les populations qui sont concernées aux alentours de cette digue ont été préalertés de la situation. Certaines personnes ont d'ailleurs pu bénéficier d'un logement offert par la mairie", a indiqué le directeur de cabinet du préfet de Lot-et-Garonne. Selon les informations du maire de Marmande, Joël Hocquelet, une centaine d'habitants n'ont pas souhaité être évacués mercredi soir mais certains d'entre eux pourront l'être dans la journée. "Leurs habitations sont entourées par les eaux au niveau de la plaine de Coussan, certains nous ont appelé hier soir, il y a en effet une lassitude et une inquiétude pour ces habitants et, dans la journée, je pense qu'on évacuera quelques personnes supplémentaires".
Pas de retour à la normale avant quelques jours
Quatre-vingt-dix personnes ont été évacuées jusqu'ici, a précisé le directeur de cabinet du préfet. L’accès à Marmande reste "extrêmement difficile" par le sud : "Les routes sont toujours coupées. La ville ne peut être rejointe que par un détour assez important qui peut être fait par le Nord. Il n'y aura pas d'amélioration de ces liaisons d’ici cet après-midi dans le meilleur des cas", a-t-il averti. "La ville de Marmande est toujours coupée du reste du département par les départementales et les accès à l'autoroute", a confirmé sur franceinfo le maire de Marmande. "Mais heureusement, on a encore des accès à Marmande par le nord et l'ouest." Joël Hocquelet a ajouté que les digues allaient être inspectées dans la matinée. "Passé 10 mètres on sait que la pression est très importante et que l'ouvrage est menacé. À priori il n'y a pas eu d'accident dans la nuit mais certaines digues ont commencé à s'abimer en amont et en aval. Après il faudra voir à la décrue parce qu'il peut y avoir des ruptures à cause des remous de la descente."
Même si Météo France prévoit une accalmie dans le ciel jeudi, il ne faut pas s’attendre à une amélioration rapide de la situation : "L’eau qui est tombée depuis des jours, voire des semaines, sur cette zone est en train de descendre des bassins versants. On est sur une crue de volume c’est-à-dire, qu'il a plu un peu partout sur les Pyrénées, sur le Massif central. Donc, il y a énormément de volumes. On ne va pas être sur un pic très pointu. C'est plutôt un plateau, donc il faut s'attendre à ce que ces débordements et ces crues durent dans le temps", a prévenu Alix Roumagnac.
Selon lui, il faudra "plusieurs jours" avant de retrouver une situation normale. Météo France prévoit de nouvelles précipitations en fin de semaine : "Sans pluie nouvelle, ça va prendre plusieurs jours, si les pluies viennent se rajouter, ça va ralentir la décrue. Donc il va falloir beaucoup de patience dans ce secteur", a-t-il indiqué.
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