Particules fines : la facture salée des mesures anti-pollution
La circulation alternée et la gratuité des transports en commun mises en place lundi ont un coût pour la collectivité : plus de 4 millions d'euros. L'Etat, la région Ile-de-France et la ville de Paris vont principalement devoir payer la note.
Pour la deuxième fois seulement en quinze ans, le gouvernement a décidé de mettre en place, lundi 17 mars, un dispositif de circulation alternée à Paris et dans les communes de sa proche banlieue. Une mesure adoptée pour répondre à l'épisode de pollution aux particules fines qui a empoisonné l'air parisien pendant plusieurs jours.
Pour compenser cette contrainte, les transports en commun étaient gratuits, ce qui a engendré un coût pour la collectivité. Francetv info détaille la facture.
Combien ça a coûté ?
La mesure la plus coûteuse est la gratuité des transports en commun, qui aurait créé un manque à gagner de 4 millions d'euros pour la seule journée de lundi. Une perte qui se répartit entre la RATP (1,5 million) et la SNCF Ile-de-France (2,5 millions), et qui ne prend pas en compte les journées de vendredi, samedi et dimanche, où les bus, métros, tramways, RER et Transilien étaient également gratuits. Contacté par francetv info, le Stif, qui gère les transports en commun dans la région, confirme que cette somme de 4 millions d'euros correspond, en moyenne, aux "recettes générées par les titres de transport pour une journée normale".
Le dispositif de circulation alternée a également impacté les finances de la ville de Paris. Pour accompagner la mesure, la municipalité a décidé de rendre gratuits les systèmes Vélib' et Autolib', ce qui représente un manque à gagner de 140 000 euros pour la seule journée de lundi, selon RTL. Par ailleurs, les véhicules immobilisés ce jour-là étaient exonérés de ticket de stationnement à Paris, privant la municipalité de 50 000 euros.
Avec ce dispositif de circulation alternée, la facture globale pour la collectivité s'élèverait donc au moins à 4,2 millions d'euros. A cela, il faut ajouter les dépenses liées au déploiement de 700 policiers chargés de contrôler le respect du dispositif. Contactée par francetv info, la préfecture n'est pas en mesure de fournir le montant de cette dépense supplémentaire. Enfin, un dernier coût, difficilement chiffrable, est assumé par les entreprises. Ces dernières ont dû gérer une baisse des commandes et l'augmentation de l'absentéisme des employés.
Qui va payer la note ?
Le Stif (Syndicat des transports d'Ile-de-France), placé sous la responsabilité de la région, va compenser les pertes de la SNCF et de la RATP, selon l'annonce du président du conseil régional, Jean-Paul Huchon, sur LCI.
Mais la région Ile-de-France ne souhaite pas s'acquitter seule de l'addition. Jean-Paul Huchon a donc réclamé une aide exceptionnelle de l'Etat. Les deux entités sont en discussion, mais, selon Metronews, l'Etat prendrait en charge 50% de la somme, laissant ainsi 50% au Stif. Concernant la gratuité d'une partie des stationnements ainsi que des dispositifs Vélib' et Autolib', c'est la Mairie de Paris qui met la main au portefeuille, toujours selon Metronews.
Peut-on évaluer la rentabilité du dispositif ?
"Est-ce que la perte de cet argent sera compensée dans l'avenir, notamment en termes de santé publique ?" s'interroge Thierry Tacheix, maître de conférences à Limoges, spécialisé dans l'économie de l'environnement, joint par francetv info. Pour juger d'une éventuelle rentabilité, il faudrait être capable de savoir si le prix du dispositif mis en place revient moins cher que les coûts engendrés par la pollution de l'air. Pour Thierry Tacheix, un tel calcul "demanderait des mois de travail avec des informaticiens et des statisticiens". Il estime qu'il est d'ailleurs "toujours plus facile de chiffrer les pertes, les coûts, que les bénéfices d'une mesure".
Une chose reste prouvée : les Français paient collectivement un prix pour la pollution de l'air. Une étude du Commissariat général au développement durable, datée d'octobre 2013, évalue le coût annuel de cette pollution entre 20 et 30 milliards d'euros par an pour la collectivité, soit entre 2,3 et 3,4 millions d'euros par heure. Une estimation large qui prend en compte les 42 000 décès prématurés causés, en partie, par la pollution de l'air, ainsi que les nombreuses consultations médicales, les arrêts de travail ou même l'impact pour le tourisme.
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