Sécheresse et stockage d’eau : "Si on ne détermine pas ce qui peut être prélevé, on va aboutir à des niveaux d'eau plus bas"
Jean-Claude Bévillard, administrateur de France Nature Environnement, a émis des réserves, mercredi sur franceinfo, quant aux actions annoncées par le gouvernement pour lutter contre la sécheresse en France.
Cet été, 80 départements français ont pris des arrêtés de restrictions d'eau. Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travers, ont annoncé mercredi 9 août des actions pour lutter contre cette sécheresse. Parmi les mesures envisagées : le stockage d’eau pendant l’hiver. Mais pour Jean-Claude Bévillard, administrateur de France Nature Environnement en charge des questions agricoles, ces retenues d’eau devront être "limitées à ce qu’il est possible de faire sans porter atteinte au milieu".
franceinfo : Les mesures de restrictions sont-elles efficaces ?
Jean-Claude Bévillard : Aujourd’hui, sur le terrain, nous constatons des centaines de kilomètres de cours d’eaux asséchés et des niveaux très bas dans les rivières et les nappes souterraines. La situation n’est pas maîtrisée. Avec l’évolution climatique, on peut s’attendre à des tensions. Il faudrait établir une véritable connaissance de l’état de la ressource par bassin afin de savoir exactement quelle est la ressource disponible. Nous pourrions, à partir de là, déterminer quels sont les prélèvements possibles.
Pourquoi est-ce une mauvaise solution de construire des retenues d’eau pour les agriculteurs afin qu’ils stockent pendant l’hiver ce dont ils auront besoin plus tard ?
Ce n’est pas une mauvaise mesure dans l’absolu. Il faut que les retenues d’eau soient limitées à ce qu’il est possible de faire sans porter atteinte au milieu. Nous avons constaté cette année que les recharges des nappes ont été très faibles. Les cours d’eaux ont donc des débits faibles. Les zones humides, qui sont des réservoirs, des éponges et qui restituent l’eau normalement en période de sécheresse, ne sont pas non plus assez alimentées.
Quel impact cette solution aura-t-elle sur les nappes souterraines ?
Si du fait des conditions climatiques, la recharge est faible et que l’on prélève justement au moment où la nature peut se recharger en eau, on va aboutir à des niveaux d’eau plus bas. Il faut que l’on détermine ce qui est possible de prélever. Nous avons besoin d’une politique générale et d’une action tout à fait précise à l’intérieur de chaque bassin. Seulement 6% de la surface agricole est irriguée. C'est peu et les zones de tensions sont limitées. Il faut agir dans les zones où l’on a une situation de crise.
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