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Séismes à répétition à Lombok : "Cette activité sismique risque de se prolonger", estime un sismologue

Franceinfo a interrogé le physicien Mustapha Neghraoui, professeur à l'Ecole et Observatoires des Sciences de la Terre, après les deux nouvelles secousses qui ont frappé Lombok, ce dimanche. 

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Louise Hemmerlé
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une route fissurée à Kayangan sur l'île de Lombok en Indonésie, le 8 août 2018.  (SONNY TUMBELAKA / AFP)

Deux nouveaux séismes ont secoué Lombok en l'espace de moins de 24 heures, dimanche 19 août. Le premier avait une magnitude de 6,3, et le deuxième, quelques heures plus tard, de 6,9. La zone affectée avait déjà souffert, il y a deux semaines, d'un séisme d'une magnitude de 6,9, qui a causé la mort d'au moins 480 personnes, détruit des dizaines de milliers d'habitations, de mosquées ou de commerces, et mis à la rue plus de 350 000 habitants. Ces derniers dorment désormais sous des tentes ou des bâches, près de leurs maisons endommagées.

Mustapha Neghraoui, physicien et sismologue, professeur à l'Ecole et observatoire des sciences de la Terre, répond aux questions de franceinfo sur l'activité sismique inhabituelle qui frappe la zone. 

Franceinfo : Pourquoi cette zone est-elle frappée par des séismes en chaîne ? 

Mustapha Neghraoui : L'activité sismique dans la région de Lombok est dûe à la limite de plaque entre l'océan Indien et l'Eurasie. Cette limite se trouve en mer, au sud de l'île de Lombok. Le premier séisme, le 5 août dernier, a été d'une magnitude 6,9, localisé au nord du volcan Rinjani, qui est lié à la zone de subduction. L'épicentre du séisme qui a frappé l'île dimanche était situé à l'est du volcan, à seulement une dizaine de kilomètres de la secousse du 5 août. L'épicentre de celui de 6,9, dimanche soir, était situé encore davantage à l'est. Ces trois séismes sont évidemment liés, même si ce sont trois tremblements de terre différents. Il semble qu'il y ait désormais une migration de la sismicité vers l'Est. 

L'activité sismique actuelle est-elle surprenante ? 

L'île de Lombok est située dans une zone névralgique. On y relève généralement une sismicité de fond qui dépasse rarement une magnitude de 5.

Là, nous sommes bien au-delà d'une magnitude de 5 : c'est anormal et tout à fait inhabituel pour la région. 

Mustapha Neghraoui

Est-ce lié à un volcanisme souterrain ? Nous n'avons pas encore assez de données pour expliquer la cause de ces séismes. Par ailleurs, ils sont particulièrement destructeurs car ils sont superficiels, c'est-à-dire peu profonds. L'épicentre du premier séisme était situé à 7 km et le dernier à 20 km de profondeur.

Risque-t-il d'y avoir de nouvelles répliques ou Lombok peut enfin respirer ? 

Non seulement on doit s'attendre à des répliques, mais cette séquence peut ne pas s'arrêter à ce dernier séisme. D'un point de vue scientifique, je pense que cette activité va se prolonger par des répliques, mais également par d'autres séismes tout aussi forts. Surtout que l'intensité de ces séismes ne faiblit pas : le premier avait une magnitude de 6,3, le deuxième de 6,3, et le troisième de 6,9. Malheureusement, il peut y en avoir un quatrième...

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