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Harvey : quand l'équipe de Donald Trump esquive la question du réchauffement climatique

La position des pro-Trump agace les spécialistes qui tirent la sonnette d'alarme. 

Article rédigé par franceinfo
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Des sauveteurs évacuent des habitants touchés par les inondations liées au passage de la tempête Harvey, à Houston (Texas), le 31 août 2017. (MARK RALSTON / AFP)

"Je n'ai jamais vu une tempête comme ça". Missy, texane interrogée jeudi 31 août, résume le sentiment des nombreuses victimes de la tempête Harvey. Vendredi 1er septembre, les opérations de secours et les évacuations se poursuivent au Texas où une accalmie dans les précipitations et un début de décrue des eaux révèlent progressivement l'ampleur des dégâts. 

Des tempêtes comme celle-ci, qui a fait au moins 38 morts, pourraient ne plus être exceptionnelles, s'inquiètent des climatologues américains. Alors qu'un nouvel ouragan, Irma, se dirigent vers les Caraïbes, ils pointent le réchauffement climatique. 

Mais pour Trump, qui a décidé du retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, et son équipe, hors de question d'aborder ce sujet, quitte à s'attirer les foudres des spécialistes. 

Une question "trop politique"

Constamment interrogés sur les liens entre l'ouragan et le réchauffement climatique provoqué par l'activité humaine, les membres de l'équipe de Donald Trump tentent de faire diversion. "Nous essayons d'aider des gens littérallement submergés et vous, vous voulez ouvrir un débat sur le réchauffement climatique ?", s'est agacée Kellyanne Conway, conseillère du président, sur CNN

Même réaction du côté de Scott Pruitt, le climatosceptique nommé par Donald Trump à la tête de l'Agence de protection de l'environnement (EPA). Invité du média d'extrême droite Breitbart radio, il a esquivé : "Je pense qu'à ce stade, cela n'aide personne de discuter de ce que serait la cause [de l'ouragan] et de ce que serait l'effet", a-t-il déclaré face à un intervieweur également climatosceptique. "Je pense que les médias opportunistes utilisent des événements comme celui-ci pour, sans preuve, évoquer des liens de cause à effet au lieu de se concentrer sur ce dont les gens ont besoin. C'est déplacé", a-t-il argumenté. 
Jeudi, une porte-parole de l'agence que préside Scott Pruitt, l'EPA, a directement accusé les experts et autres scientifiques spécialistes du climat de "tenter de politiser une tragédie en cours", a rapporté Reuters. Une position de défense adoptée alors que 15 jours à peine avant l'arrivée de Harvey sur la ville de Houston et ses environs, Donald Trump a signé un décret annulant une mesure prise par Barack Obama et visant à s'assurer que les nouvelles construction effectuées en zones côtières prennent en compte la montée du niveau de la mer - conséquence du réchauffement climatique -. 
Des spécialistes atterrés
Du côté des spécialistes du climat, c'est la consternation. "Harvey, c'est le visage du réchauffement climatique", a martelé le météorologue Eric Holthaus, sur Politico. "Harvey c'est le visage du changement climatique dans un monde qui a décidé de ne pas prendre le changement climatique sérieusement." "Il ya un consensus universel" selon lequel le réchauffement climatique aggrave les précipitations pendant les ouragans car l'air plus chaud contient d'avantage d'humidité, augmentant le risque d'inondations graves, a ajouté Kerry Emmanuel, chercheur en météorologie des États-Unis au Massachusetts Institute of Technology (MIT). 
Pour Gail Carlson, qui enseigne les études environnementales à l'université de Colby, citée par Teen Vogue, Harvey "doit être le signal d'alarme pour lequel il faut que nous soyons prêts." Dans un édito signé par la rédaction du Los Angeles Times, les journalistes plaident : "ce n'est pas un problème de simples différences politiques, les croyances et le projet [de Donald Trump et de son équipe] met en péril la santé et la sécurité des personnes qu'ils ont juré de protéger."
L'opposition, elle, souhaite justement que la tempête Harvey permette à l'Amérique de débattre de la question du réchauffement climatique : "ce serait idiot de ne pas poser les vrais question sur les raisons pour lesquelles il n'est jamais tombé autant de précipitation dans la région de Houston", a ajouté l'ancien candidat à l'investiture démocrate Bernie Sanders, sur CNN. 
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