Meurtres d'Echirolles : ce que l'on sait des personnes interpellées
En tout, douze personnes ont été placées en garde à vue mardi. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a annoncé la création d'une zone de sécurité prioritaire après la visite du président.
FAITS DIVERS – L'enquête sur le double meurtre de Kevin et Sofiane, commis vendredi soir à Echirolles (Isère), dans la banlieue de Grenoble, progresse. Douze personnes ont été placées en garde à vue pour "assassinats", a annoncé le procureur de la République de Grenoble mardi 2 octobre. FTVi récapitule tout ce qu'il faut savoir sur cette affaire.
Douze personnes placées en garde à vue
"Les personnes qui sont en garde à vue sont des personnes que nous pensons avoir été sur place", a précisé le procureur Jean-Yves Coquillat. Les témoins du drame avaient évoqué un groupe composé d'une quinzaine de jeunes. Lors d'une conférence de presse, le procureur a également précisé que trois des participants présumés à l'agression étaient en fuite. Il a par ailleurs indiqué que ces trois suspects, décris comme "très violents", pouvaient être "les plus intéressants".
"Il faut déterminer qui a fait quoi. Aucun des gardés à vue n'a reconnu les faits", a-t-il ajouté. Tous sont de "très jeunes adultes", de 19 à 21 ans, et "la plupart ont des casiers judiciaires pour vol avec violences, violences avec armes et en réunion", a-t-il précisé. Selon le procureur, la plupart des jeunes indiquent "qu'ils ont participé à la première ou à la deuxième bagarre, mais pas à la bagarre mortelle."
Mardi, à l'aube, une dizaine de personnes avaient été interpellées dans le quartier sensible de La Villeneuve, à Grenoble. Une équipe de France 2 était sur place :
Deux frères militaires avaient déjà été arrêtés lundi après-midi dans l'agglomération grenobloise et à Hyères, dans le Var. "Ils ont décidé de garder le silence, c'est leur droit", a précisé le procureur. Leur mère a été interpellée mardi, mais n'aurait pas participé à la rixe, a par ailleurs indiqué Jean-Yves Coquillat.
Une attaque extrêmement violente
Kevin, étudiant, et Sofiane, éducateur, âgés tous deux de 21 ans, ont été lynchés vendredi soir dans un parc d'Echirolles par un groupe d'une quinzaine de jeunes munis de manches de pioche, de marteaux et de couteaux. Le procureur a indiqué mardi que Kevin avait reçu 7 à 8 coups de couteau, tandis que Sofiane en avait reçu une trentaine.
Cette attaque aurait fait suite à une première dispute entre le petit frère de Kevin et un camarade, à la sortie du lycée où les deux jeunes avaient été scolarisés.
Manuel Valls annonce des moyens supplémentaires
Après avoir rendu visite aux enquêteurs à l'hôtel de police de Grenoble, Manuel Valls a annoncé mardi la création d'une zone de sécurité prioritaire (ZSP) à La Villeneuve. "Il y aura des zones de sécurité prioritaires, elles concerneront évidemment ces quartiers, pour mieux coordonner le travail des forces de l'ordre, pour mobiliser l'ensemble des acteurs."
Ce quartier avait été le théâtre de trois nuits d'émeutes à l'été 2010, après la mort d'un jeune habitant tué lors d'un échange de tirs avec la police, à la suite du braquage du casino d'Uriage. Ces heurts avaient été suivis du célèbre discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble, qui avait promis une "guerre nationale" contre les "voyous".
François Hollande pris à partie par les habitants
En visite surprise dans le quartier de la Villeneuve, lundi soir, le président de la République a dû faire face, dans une ambiance tendue, à la colère des riverains, qui réclament davantage de sécurité. "C'est devenu le Texas ici, s'est écriée une habitante en s'adressant directement au chef de l'Etat. Il faut que ça change à Grenoble ou Echirolles. (…) On est où là, monsieur le président ? J'ai voté pour vous ! Tous ces gens-là, ils ont voté pour vous !"
François Hollande a assuré qu'"une fois appréhendés, [les auteurs du meurtre] seront traduits devant la justice pour recevoir la condamnation qu'ils méritent".
Emotion devant l'extrême violence du "massacre"
Une quinzaine d'assaillants munis de manches de pioche, de marteaux, de couteaux... Les deux victimes ont subi un véritable lynchage. "Kevin et Sofiane ont été massacrés", a déclaré Manuel Valls mardi devant la presse, dénonçant une "violence" qui "fait peur".
Une marche blanche "à la mémoire de Kevin et Sofiane" est prévue mardi à 18 heures. Les appels au calme se sont multipliés dans le quartier, émanant des proches des victimes, mais aussi des professeurs de leur ancien lycée. François Hollande a notamment rendu visite à la mère de Kevin, Aurélie Noubissi, pédiatre, qui avait dénoncé la violence gratuite de jeunes du quartier devenus sans "garde-fous", vivant "dans le désœuvrement, l'oisiveté".
Pour le sociologue grenoblois Claude Jacquier, interrogé par FTVi, cette violence serait une conséquence de la "haine envers ce que représentaient ces deux jeunes, c'est-à-dire la réussite scolaire".
Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, a proposé mardi que "tous les élèves" mènent une réflexion autour du drame d'Echirolles. "J'émets l'idée que, face à ce geste incompréhensible, l'on fasse réfléchir tous les élèves de notre pays", "ceux qui sont en âge de réfléchir".
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