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Mise en examen de Sarkozy : "Les attaques de l'UMP relèvent de l'infraction"

Pour Virginie Duval, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats, les attaques de l'UMP contre la décision du juge Gentil sont "inadmissibles".

Article rédigé par Héloïse Leussier - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nicolas Sarkozy, le 24 octobre 2012, à Paris, après un déjeuner avec François Fillon. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Après la mise en examen de Nicolas Sarkozy, jeudi 21 mars, pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettencourt, l'UMP s'en prend à cette décision de justice. Geoffroy Didier, co-président du courant de La Droite forte, a dénoncé un "acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy". Pour Thierry Mariani, député des Français de l'étranger, "certains magistrats ont des comptes à régler avec l'ancien président de la République". Henri Guaino, député des Yvelines et ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, est allé encore plus loin en qualifiant la décision du juge Gentil "d’indigne", estimant que le magistrat avait "déshonoré la justice".

Virginie Duval, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats, interrogée par francetv info, réagit à ces propos.

Francetv info : Comment réagissez-vous aux attaques de l'UMP contre la décision du juge Gentil ?

Virginie Duval : C'est tout simplement inadmissible ! On a l'impression d’un déferlement contre le monde judiciaire. Tout cela vise à dévier du fond du problème, car en réalité, il n'y a pas d'acharnement particulier sur Nicolas Sarkozy. La procédure suit son cours et il est normal que les uns et les autres soient confrontés. La stratégie de communication de l'UMP va à l'encontre de la justice et on ne peut pas laisser passer cela.

Le président de votre syndicat a annoncé que vous alliez engager des poursuites contre Henri Guaino, pourquoi ?

Car les propos tenus par Henri Guaino sont intolérables, et il s'agit même d'une infraction : comme le rappelle l’article 434.25 du Code pénal, jeter le discrédit sur une décision de justice est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende. Nous allons écrire à la garde des Sceaux pour lui demander d'engager des poursuites, et nous allons aussi demander au président de l'Assemblée nationale de rappeler les députés à l’ordre.

Votre syndicat a souvent dénoncé un climat anti-juges, est-ce que les choses ont changé depuis que la gauche est aux affaires ?

Oui, le climat est plus apaisé ces derniers mois. Nous subissons moins d'attaques et la garde des Sceaux se charge des rappels à l'ordre lorsque les règles ne sont pas respectées. Mais avec la mise en examen de Nicolas Sarkzoy, il semble que l'on soit revenu au temps où certains se permettaient de juger toutes les décisions de justice. Comme à l’époque où Isabelle Prévost-Desprez [juge chargée de l'instruction de l'affaire Bettencourt jusqu'à ce que le dossier soit dépaysé à Bordeaux, en novembre 2010] était sans cesse critiquée.

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