Afghanistan : 2001-2014, quand les militaires français étaient engagés aux côtés des Américains
Alors que l'Afghanistan est plongé dans le chaos avec l'entrée des talibans dans Kaboul, les États-Unis sont pointés du doigt, eux qui sont longuement intervenus militairement. L'armée française, elle aussi, a opéré sur place pendant 13 ans.
Alors que les talibans ont repris le pouvoir partout en Afghanistan, avec la fuite du président Ashraf Ghani et l'évacuation des ressortissants étrangers, certains voient un échec de la politique militaire américaine. Les États-Unis sont restés 20 ans sur place pour finalement aboutir à cette reprise facile des talibans. L'administration américaine fait donc face à de fortes critiques, mais il faut rappeler que la France, elle aussi, s'est engagée en Afghanistan, entre 2001 et 2014. Les armées françaises ont compté jusqu'à près de 4 000 hommes au plus fort de l'engagement de l'Otan.
Une présence française dès 2001
À la suite des attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis lancent une vaste offensive militaire en Afghanistan. En décembre, les talibans capitulent, un gouvernement intérimaire se met en place et l'Otan déploie une force internationale.
Dès les premières semaines de l'offensive américaine, l'armée de l'air française est présente : des Mirages IV P assurent les premières missions de reconnaissance au-dessus du territoire afghan. Ils sont bientôt rejoints par les appareils du porte-avions Charles de Gaulle, qui croise dans l'océan Indien.
Les premières missions d'appui aérien débutent en mars 2002, à peu près au moment où la France intègre l'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan et qu'elle déploie au sol ses premiers contingents. Sa zone de responsabilité est la capitale Kaboul et ses environs. La France participe pour la première fois le 5 mars aux bombardements de cibles du réseau Al-Qaïda.
Embuscades et attentats
Entre 2005 et 2007, les attaques et les attentats des talibans reprennent. "À partir du moment où nous avions la responsabilité de la totalité de la région de Kaboul, nous avons été contraints d'engager des forces un peu plus loin, un peu plus vers l'est, se souvient aujourd'hui le général Henri Bentégeat, le chef d'état-major des armées françaises à l'époque. Nous sommes entrés, si je puis dire, dans une phase beaucoup plus dure pour le bataillon traditionnel."
En 2008, dix soldats français sont tués dans une embuscade de grande ampleur, alors qu'ils effectuaient une mission de reconnaissance à Uzbeen, dans une vallée du district de Surobi, au nord-est de Kaboul. Le drame provoque un vif émoi en France et attise le débat quant à l'opportunité de l'engagement français en Afghanistan. Il s'agit alors de l'opération la plus meurtrière pour l'armée française depuis l'attentat du Drakkar en 1983 à Beyrouth (58 paras tués).
En 2009 est toutefois créée la brigade Lafayette, une force française, qui se déploie essentiellement justement dans le district de Surobi et la vallée de la Kapisa. Les accrochages avec les talibans se multiplient. Des patrouilles françaises, aux prises avec des combattants, sont par exemple amenées à réclamer un bombardement aérien aux chasseurs américains pour se dégager.
Un repli progressif lancé en 2010
Dès 2010, alors que la France a 4 000 hommes sur le terrain, l'Otan annonce le retrait progressif de toutes ses forces. L'année 2011 a été la plus meurtrière pour les militaires français, avec 26 soldats tués dans des attentats et accrochages, dont cinq morts le 13 juillet, dans un attentat suicide en Kapisa.
Fin 2012, il n'y a plus de forces combattantes françaises et le 31 décembre 2014, dans une ultime passation de pouvoir sur l'aéroport de Kaboul, les derniers soldats français quittent le pays. "Le but de cette cérémonie était de montrer de façon officielle le changement de commandement au niveau de l'aéroport international de Kaboul, entre la France et la Turquie", indiquait à l'époque un porte-parole de l'armée française présent sur place.
La mission des 150 derniers soldats français s'achève officiellement, en même temps que le retrait des troupes de combat de l'Otan. En 13 ans d'engagement en Afghanistan, l'armée française déplore 89 morts et 700 blessés.
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