Afghanistan : "Nos collègues sont abandonnés" par la France, accuse un ancien auxiliaire de l’armée française
Selon Adel Abdul Raziq, 80 personnes sont en attente de visas. "Il faut trouver une solution pour au moins sauver leur vie et celle de leur famille."
Alors que lundi 16 août sur franceinfo Florence Parly, la ministre des Armées a annoncé que des Afghans qui ont rendu des services à l'armée française seront rapatriés, Adel Abdul Raziq, président de l’Association des anciens auxiliaires de l’armée française affirme que ses "collègues sont abandonnés par l'armée française". "Depuis que les talibans sont rentrés à Kaboul, les auxiliaires de l'armée française, s'inquiètent de cette menace. Ils sont tous enfermés chez eux", témoigne-t-il.
>> Suivez la situation en Afghanistan dans notre direct.
franceinfo : Florence Parly a annoncé que des Afghans qui ont rendu des services à l'armée française seront rapatriés. Est-ce une bonne nouvelle pour vous ?
Adel Abdul Raziq : Oui, je vais transmettre le message à mes collègues qui sont en Afghanistan. La situation sécuritaire actuelle est complètement chaotique et s'est détériorée depuis que les talibans ont repris le pouvoir dans toutes les provinces de l'Afghanistan. Depuis que les talibans sont rentrés à Kaboul, les auxiliaires de l'armée française, ceux qui ont servi l'armée française et l'OTAN, s'inquiètent de cette menace. Ils sont tous enfermés chez eux et veulent sauver leurs vies et celles de leurs familles. Mon inquiétude concerne mes collègues qui ont déjà servi l'armée française pendant sa mission en Afghanistan.
Combien sont-ils ces PCRL (personnel civil de recrutement local), encore restés en Afghanistan ?
Ils sont 80 personnes, y compris, le traducteur, le cuisinier, le chauffeur, les polyvalents à avoir travaillé avec l'armée française et à attendre leur visa. En tant que président de l'association, je demande à l'État français de rouvrir la procédure de relocalisation pour le reste du PCRL qui est menacé par les talibans et leurs sympathisants. Il faut trouver une solution pour au moins sauver leur vie et celle de leur famille.
En juin dernier, les talibans assuraient que les interprètes ne couraient aucun danger et les appelaient "se repentir" et à rester en Afghanistan. Qu'en est-il ?
C'est un mensonge. On a perdu un de nos collègues, Abdul Basir, après leur annonce. Il a été enlevé pendant deux semaines et ils l'ont assassiné. Ils n'ont pas tenu leur promesse. C'est pour ça que mes amis et collègues qui sont en Afghanistan s'inquiètent beaucoup de leur avenir. Ceux qui sont restés en Afghanistan regrettent d'avoir travaillé avec l'armée française.
"On ne peut pas comparer les auxiliaires afghans de l'armée française avec ceux qui ont travaillé pour les Américains ou d'autres nations, qui ont rapatrié presque tout le monde, même les femmes de ménage."
Adel Abdul Raziq, président de l’Association des anciens auxiliaires de l’armée françaiseà franceinfo
Nos collègues sont abandonnés par l'armée française. Je demande à l'État français de trouver une solution pour sauver leur vie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.