La France accorde le droit d'asile aux Afghans qui ont travaillé pour la France, des ONG craignent une fuite en avant
La France a déja accueilli 500 personnes en provenance d'Afghanistan. Une mise en sécurité en raison de l'avancée des talibans mais qui, selon des ONG qui travaillent sur place, donne un mauvais signal.
En Afghanistan, le retrait des derniers soldats américains profite aux talibans qui se rapprochent chaque jour des grandes villes y compris de la capitale Kaboul. Une centaine de districts sur les 400 que comptent le pays sont déjà sous leur contrôle. Face à leur avancée qui paraît inexorable, Paris a décidé d'accorder le droit d'asile aux Afghans qui ont travaillé pour des organismes français. Les procédures de demande d'asile seront enregistrées auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Cinq cent personnes sont déjà arrivés en France en provenance d'Afghanistan. Ces Afghans et leurs familles travaillaient pour les lycées français Esteqlal et Malalaï, l'Institut culturel français ou la délégation archéologique en Afghanistan. Des personnels considérés par l'ambassade de France à Kaboul comme étant en danger en cas de prise de la capitale afghane par les talibans.
Ce n'est pas l'avis de plusieurs ONG. Elles dénoncent une décision unilatérale allant à l'encontre des intérêts de l'Afghanistan. “Tous les professeurs de français de l'Afghanistan ont eu cette proposition de visa et sont partis", explique Etienne Gilles. Il est l'un des fondateurs d'Afrane (Amitié franco-afghane), une association qui œuvre pour un meilleur accès à l'éducation des jeunes Afghans. "Tout l'enseignement du français en Afghanistan a disparu, ce qui était un investissement quand même de 100 ans."
Ne pas abandonner le pays
Pour ces ONG, la décision de la France donne un mauvais signal : celle que la victoire des talibans est considérée comme acquise. Pas question pour autant de faire une croix sur le travail accompli jusqu'à présent. Grâce à Afrane, plus de 900 professeurs ont été formés à travers l'Afghanistan, dont la moitié sont des femmes. "Nos formateurs viennent ou sont sur le point de partir pour la France, indique Etienne Gilles. Mais les personnes qu'ils ont formées sont toujours en Afghanistan et vont pouvoir poursuivre leur travail."
Nous n'abandonnerons pas l'Afghanistan, martèlent ces ONG qui sont restées lorsque les talibans sont entrés dans Kaboul en 1996, jusqu'à ce qu’ils imposent des contraintes administratives telles qu'elles avaient dû se retirer du pays. La mort dans l'âme.
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