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Le monde judiciaire français s'inquiète et se mobilise pour le rapatriement des anciens auxiliaires afghans de l'armée française

Bien qu'Emmanuel Macron ait promis de les aider, aucun vol n'est encore prévu pour rapatrier les anciens interprètes et auxiliaires afghans de l'armée française en Afghanistan. Des avocats et magistrats français sont mobilisés pour accélérer le processus.

Article rédigé par Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des soldats français gardent un avion militaire destiné à évacuer les ressortissants européens de Kaboul (Afghanistan), le 17 août 2021. (STR / AFP)

Les premiers Français et étrangers évacués de Kaboul par la France sont arrivés mardi 17 août à 17h30 à Paris, exfiltrés d'un Afghanistan désormais aux mains des talibans. 41 personnes sont concernées : des Français et des ressortissants issus de pays partenaires, mais pour l'instant pas encore d'évacuation d'Afghans qui ont aidé la France entre 2001 et 2014, malgré la promesse d'Emmanuel Macron de les aider. En coulisses, le monde judiciaire se mobilise pour assurer à ces Afghans de pouvoir fuir les talibans dans des conditions dignes.

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"J'attends le message ou le coup de téléphone de l'ambassade", raconte un ancien interprète pour l'armée française. Depuis les annonces d'Emmanuel Macron, cet homme, qui préfère rester anonyme, vit cloîtré chez lui avec sa femme et ses deux enfants dans l'attente d'un vol en direction de Paris : "J'ai préparé mes passeports, mes cartes d'identité mes contrats de travail. Maintenant, je reste à la maison et j'attends le message ou le coup de téléphone de l'ambassade", explique-t-il.

En parallèle, un collectif d'avocats répertorie tous ceux qui ont aidé l'armée française. Il dénombre 150 personnes pour l'instant, sans compter les familles. Nom, adresse, mail, tout est envoyé au Quai d'Orsay mais pour l'instant aucun vol n'a été programmé et beaucoup d'incertitudes demeurent sur les modalités pratiques. "Peut-être vont-ils venir les chercher, peut-être vont-ils devoir se rendre à l'aéroport par leurs propres moyens ? Si c'est ça, on se demande comment il vont y arriver parce qu'on sait que l'aéroport est cerné par les talibans et que, de manière générale, Kaboul est complètement quadrillé par les insurgés", s'inquiète maître Antoine Ory.

Des inquiétudes autour du dispositif d'accueil

Des incertitudes entourent également l'accueil réservé à ces personnes à leur arrivée en France. Statut, logement, droits sociaux, "si on regarde notamment sur les dernières années, la manière dont les autorités ont pris en compte la situation, ne serait-ce que de tous les auxiliaires qui ont aidé l'armée française, on peut s'interroger sur la manière dont ça va être mis en œuvre à leur arrivée", résume maître Nicolas de Sa-Pallix, avocat en droit des étrangers et droit d'asile. "Il n'y a aucune précision et c'est ce qui rend la situation pour nous particulièrement éprouvante en ce moment", ajoute-t-il.

Mais au-delà des personnes directement menacées par les talibans, plusieurs syndicats d'avocats et de magistrats rappellent que tous les Afghans doivent bénéficier du droit d'asile. "Les avocats de France réaffirment leur attachement indéfectible au droit d’asile, lequel suppose le droit pour les Afghans de quitter leur pays en toute sécurité. Ils veilleront à la pleine application de ce droit partout en France et pour tous les réfugiés", a par exemple affirmé le conseil national des barreaux.

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