: Témoignage Afghanistan : "C’était très dur de tout recommencer à zéro", raconte une militante pour les droits des femmes exilée en France
Lors de la prise de pouvoir des talibans, Mursal Sayas n’a pas eu d’autre choix que de fuir l'Afghanistan, laissant derrière elle ses deux enfants et sa famille. Elle est exilée en France depuis un an.
Cheveux bouclés coupés au carré, anneau sur le nez et regard profond, Mursal Sayas est sereine et ne regrette pas son départ d'Afghanistan, lors de la prise de pouvoir des talibans il y a un an, le 15 août 2021. "C’était très dur de tout recommencer à zéro en France. Je n’avais aucune idée de ce que ce serait de vivre ici, de ce que je ferais, de la solitude et de la tristesse", raconte la jeune femme de 27 ans qui était dans le premier avion Kaboul-Paris du pont aérien mise en place entre la France et l’Afghanistan, le 17 août 2021.
Militante pour les droits des femmes et membre de la commission nationale des droits de l’Homme, elle n’a pas eu d’autre choix que de fuir son pays, laissant derrière elle ses deux enfants et sa famille. "Je passe mes jours et mes nuits à penser à l’Afghanistan, mais pour moi la France était une bonne opportunité. J’ai appris beaucoup de choses. J’ai des amis du monde entier et je suis en vie."
Séparée de ses enfants suite à son divorce
Lorsqu’elle était encore en Afghanistan, Mursal a mis fin à son mariage arrangé pour poursuivre son travail militant. Un divorce qui lui a coûté la garde de ses enfants : un garçon de 6 ans et une fille de 3 ans, qu’elle appelle tous les jours. "C'est la partie la plus difficile parce que vous ne savez pas quand vous pourrez les revoir, votre famille, vos parents, vos enfants. Je ne sais vraiment pas quand je pourrai aller les voir en Afghanistan ou dans un autre pays", se désole-t-elle.
Je peux voir ma famille à travers WhatsApp. Et c'est beaucoup mieux que de vivre dans un pays sous le pouvoir des talibans.
Mursal Sayas, militante afghane exilée en Franceà franceinfo
Ce sont "des terroristes, des gens qui tuent leur propre peuple, violent tous les droits de l'Homme, pas seulement les droits des femmes. Ils n'acceptent pas l'égalité. Ils n'acceptent pas l'humanité !", affirme Mursal.
"Ce ne serait pas l'Afghanistan que j'ai quitté"
Aujourd'hui, elle ne sait pas trop si elle aimerait retourner en Afghanistan, alors qu'elle n'avait "jamais pensé à l'immigration", avant la prise de pouvoir des talibans.
"J'aimerais retourner en Afghanistan, retrouver les routes et les rues que je connais, retourner dans les librairies. Mais je suis sûre que ce ne serait pas l'Afghanistan que j'ai quitté", concède la militante. Aujourd’hui, Mursal Sayas se consacre à l’écriture de son premier livre sur les femmes afghanes. Il sortira dans un an.
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