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Afrique du Sud: de nombreux townships encore privés d'électricité
Une cruelle ironie. Des habitants sud-africains vivent au pied d’une centrale électrique sans bénéficier de ses avantages. En revanche, ils en subissent les conséquences. Pas d’électricité, mais des maladies pulmonaires liées au charbon brûlé dans la centrale.
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La scène se déroule à Masakhane, au nord-est du pays. Au pied de la centrale électrique de Duvha, une file de femmes et d’hommes poussant des brouettes vient chercher sa dotation hebdomadaire de charbon. Deux brouettes permettent de se chauffer et de cuisiner durant une semaine.
Le charbon alimente la centrale, mais celle ci ne fournit pas d’électricité aux habitants du township de Masakhane, car cela revient trop cher de se connecter. Or, les habitants subissent directement les pollutions de la centrale. La suie issue de la combustion du charbon se dépose partout. Elle attaque les poumons des habitants incapables de se protéger.
L’Afrique du Sud dépend à près de 90% du charbon pour son électricité. Depuis la fin de l’apartheid, un gros effort a été mené pour raccorder la population. Six millions d’habitants ont ainsi été connectés.
Mais les centrales sont vieillissantes et très polluantes. Il faudra cinq milliards d’euros pour équiper le parc des dernières technologies de dépollution des fumées.
Vu le montant de l’investissement, Eskom, l’opérateur unique, a été autorisé à retarder la mise aux normes de certaines centrales. Eskom prétend que trois des six unités de la centrale de Duvha sont équipés de filtres depuis 1993. Des filtres qui, selon l'opérateur, suppriment tout rejet de particules dans l’air.
Ce n’est pourtant pas ce que ressentent les poumons des habitants du township de Masakhane.
Et l’usage du charbon n’est pas près de fléchir. L’Afrique du Sud possède 95% des réserves du continent (30 milliards de tonnes). Septième producteur mondial, le pays consomme les trois quarts de son charbon à produire de l’électricité.
Or, au cours de la dernière décennie, la demande d’électricité a crû de 20%, dépassant les capacités de production et s’accompagnant de blackouts importants depuis 2008, pénalisant l’économie.
L’orientation est donc de moderniser les centrales existantes, et certainement pas de s’en passer. 15% de la population n’a toujours pas accès à l’électricité.
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