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Afrique du sud : le président Cyril Ramaphosa témoigne devant la commission d'enquête sur la corruption durant l'ère Zuma

Englué dans les scandales et les malversations, l'ancien président Jacob Zuma avait été poussé à la démission en 2018.

Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'ancien président sud-africain Jacob Zuma (à gauche) et son successeur Cyril Ramaphosa, au Cap, le 20 février 2018.  (KOPANO TLAPE / GCIS)

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte anti-corruption son cheval de bataille, témoigne depuis le 28 avril 2021 devant la commission chargée d'enquêter sur le pillage de l'argent public. L'ancien président sud-africain Jacob Zuma, poussé à la démission en 2018, est impliqué dans plusieurs affaires de corruption portant sur des milliards de dollars.

Déballage du linge sale de l'ère Zuma

Qu'avez-vous fait sous l’ère Zuma ? Que saviez-vous de la corruption au sein de l'ANC ? figurent parmi les questions qui seront posées à Cyril Ramaphosa durant quatre jours, devant les caméras de la télévision sud-africaine. L'actuel président sud-africain témoigne en sa qualité de dirigeant du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), mais aussi en tant qu’ancien vice-président du pays sous la présidence de Jacob Zuma (2014-2018).

Un témoignage très attendu, alors que Jacob Zuma garde toujours le silence sur les milliards de dollars qui se sont évaporés sous sa mandature. En mars 2021, la Commission Zondo (du nom de son président Raymond Zondo) a demandé deux ans de prison contre Jacob Zuma pour son refus de se présenter devant la justice.

Cette commission a déjà entendu des dizaines de ministres ou ex-ministres, élus, hommes d'affaires ou hauts fonctionnaires qui ont déballé au grand jour le linge sale de l'ère Zuma. Cyril Ramaphosa a reconnu le 28 avril 2021 que son parti aurait pu contrer davantage la corruption rampante sous son prédécesseur Jacob Zuma.

Un long passé de corruption 

Zuma, 79 ans, qui n'en a pas fini avec la justice de son pays, est soupçonné d'avoir généralisé le pillage des ressources de l'Etat et accordé de juteux contrats publics à une sulfureuse famille d'hommes d'affaires, les Gupta. 8% de ces contrats allaient au clan Zuma, notamment à son fils Duduzane, employé des Gupta. Le groupe d’origine indienne a pu ainsi infiltrer tous les rouages de l'Etat sud-africain jusqu’au sommet du ministère des Finances et des entreprises publiques, notamment la compagnie d’électricité Eskom.

Le scandale est apparu avec l’achat de locomotives pour un montant de 450 millions de dollars et le financement public d’une usine laitière qui n’a jamais vu le jour, alertant la presse sud-africaine. Mais il y a une dizaine d’affaires Zuma, la plus ancienne impliquant deux filiales sud-africaines du groupe francais de défense Thomson CSF (aujourd'hui Thales) dans les années 2000. L'affaire concerne des pots-de-vin perçus à l'occasion de contrats d'armement d'un montant de 51 milliards de rands (environ 3 milliards d'euros de 2019).

On parle également des milliards de dollars envoyé par Kadhafi à l’ANC juste avant sa chute. Mandaté par l’Union africaine pour convaincre Mouammar Kadhafi de lâcher le pouvoir et éviter un bain de sang, Jacob Zuma aurait quitté Tripoli sans rien obtenir du guide libyen hormis des milliards de dollars confiés à Mathieu Phosa, trésorier de l’ANC. Cet argent devait servir à exfiltrer Kadhafi et à préparer sont retour au pouvoir. Argent que les Libyens recherchent et qu'ils n'ont jamais retrouvé.

L'enquête continue

Avec l'argent de la corruption, Zuma a favorisé sa famille, sa garde rapprochée et tous ses soutiens politiques au sein de la communauté zouloue et de l'ANC. Il a pu ainsi financer une chaîne de télévision de propagande entièrement dédiée à son image et sans doute acheter des votes au sein de l’ANC et de la Cosatu, la plus grande centrale syndicale sud-africaine, qui l'a toujours soutenu.

La commission Zondo permettra peut-être de comprendre comment ce militant anti-apartheid, ayant passé des années dans la prison de Robben Island, a pu ainsi sombrer dans la prévarication, la corruption et le népotisme pour finalement siphonner les caisses de l'Etat. Pacte de corruption pour financer l'ANC ou pour son clan et sa propre carrière ? L'enquête continue.

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